Alpes-Maritimes : malgré les fortes suspicions de dopage qui pèsent sur Vinokourov,

le champion cycliste annonce un projet grandiose de centre sportif.

Catégorie Pieds dans le plat

On a de quoi être estomaqué d’apprendre que le cycliste kazakh a pu trouver des associés pour se lancer avec lui dans un projet de centre sportif très haut de gamme. Soupçonné de dopage - suffisamment en tous les cas pour qu’il abandonne le Tour de France, la selle entre les jambes – le coureur devrait avoir du mal à ce que, dans l’esprit du public, on dissocie son nom de pratiques douteuses dont l’unique but est de rapporter non seulement la gloire mais aussi l’argent. Et tant pis pour les naïfs ou les peureux qui roulent « propres ». Aucune chance pour eux de gagner contre des adversaires, qui, un jour épuisés, remportent l’étape du lendemain, avec une déconcertante facilité.

Qui peut encore croire que l’on puisse ainsi, à l’insu de son plein gré, dominer avec outrance une étape de montagne ou un Tour entier ? Les visages défaits, les corps meurtris de ces forçats de la route ne devraient pourtant laisser planer aucun doute. C’est au prix de la souffrance qu’on vainc et il faut payer le prix, l’épuisement. Pour s’imposer, il faut bien gérer, au jour le jour, cette fatigue. Tout signe qui indique une trop grande facilité est suspecte. Les coureurs et les spectateurs devraient l’avoir compris.

Alexandre Vinokourov semble parier sur la capacité du public de ne garder d’un athlète que ses performances les plus extra-ordinaires, celles qui le hissent justement au-dessus du commun des mortels. Et puis, le sport professionnel nous a habitués à côtoyer le meilleur avec le pire. Combien de scandales, de gloires déchues qui partent la tête basse et doivent rendre leurs médailles et leurs titres… le plus souvent en catimini. Trop d’enjeux, parfois c’est le drapeau mais plus souvent l’appât du gain que les honneurs. Le succès populaire du Tour de France, depuis quelques années, fertile en scandales divers, en est la plus belle démonstration. On sait – que beaucoup se dopent – mais, quelque part, on n’y croit pas. Sinon, comment accepter d’applaudir des fraudeurs, d’en faire des exemples pour notre jeunesse ?

Le projet annoncé par Vinokourov est colossal. Un investissement de l’ordre de 40 millions d’euros est annoncé. Ce « Domaine des Dieux du sport » comprendrait plusieurs terrains de sports, une piste d’athlétisme, un vélodrome couvert et chauffé (l’hiver peut être très froid à Andon, cette petite commune du haut pays grassois). A cela, il faut ajouter un héliport, un centre de yoga, un camping de luxe, des chalets de location, un hôtel ****, une piscine olympique couverte, etc…

On croit rêver. Trop beau pour être vrai ? Simple effet d’annonce ? On se demande aussi qui sont ces partenaires capables d’allonger de telles sommes ? Des kazakhs, les mêmes qui ont financé l’équipe d’Astana (nom de la capitale du Kazakhstan) ? Mauvaise nouvelle, un autre de leur coureur vient d’être contrôlé positif… après Matthias Kessler, c’est au tour d’Andrej Kashechkin, le lieutenant de Virokourov…

Quels seraient donc les utilisateurs de ce centre hors pair, de ce lieu privilégié ? Des athlètes en quête d’un endroit où s'exercer dans les meilleures conditions, en toute tranquillité, à l’abri de regards trop curieux et de contrôles intempestifs, aux mains savantes de médecins-magiciens ?

En attendant, l’annonce d’un tel projet nous fait réfléchir. Qui sont ces Dieux du stade, ces mythes qui ont laissé leur nom sur les tablettes et dans nos mémoires ? Ont-ils tous bien mérité notre attention, notre adoration, notre respect ? Les médailles d’or, les titres ronflants, les contrats juteux, les avantages financiers, ont-ils bien été mérité ?

Certes, on a la conviction, tous n’ont pas fauté. Mais combien de second plan, de médaillés de chocolat, de finalistes auraient pu et dû gagner gloire, honneur et avantages, s’ils n’avaient eu comme adversaires des tricheurs ? A réécrire l’histoire du sport à l’aune du fair-play et de la probité, on aurait bien des surprises.

En attendant, Alexandre Vinokourov et l’équipe Astana qui le sponsorise, ont annoncé leur retour sur les routes fin août. Avec un peu de chance, quelques sifflets les accueilleront…

- mention : www.pariscotedazur.fr - août 2007 -
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