Musée Bonnard. « Le Cannet, une évidence ! »

Une nouvelle exposition honorera son résident singulier du 4 juillet au 1er novembre. Le parcours proposé suit la carrière de Bonnard, de son premier succès avec l’affiche France-Champagne, 1891, en passant par les œuvres réalisées en Normandie aux compositions lumineuses et colorées du Cannet.




L’exposition met en valeur l’attention que Pierre Bonnard porte aux objets et au modèle transforme les scènes d’intérieur. Quelques fruits dans une coupe, un bouquet de fleurs, Bonnard montre avec Nature morte aux fruits (1930) son émerveillement face aux choses et suggère à l’instar de Cézanne ou de Chardin cette « secrète royauté » dont parle André Malraux. On y découvre une approche nouvelle comme saisis de haut ou de côté par l’œil d’un photographe qui tournerait autour. Les teintes délicates donnent une illusion de phosphorescence.

Puis sa découverte au début du siècle, en particulier la lumière du Midi et du Cannet dans les années 1920, aiguise son regard. Sa peinture connaît une véritable transformation. Il parle d’ailleurs d’une « couleur qui affole » au point d’en oublier la forme. Ainsi, entre dessin et composition colorée, Bonnard transpose les objets, crée un monde inspiré de son quotidien où les paysages, les éléments,sont imbibés de cette lumière qui métamorphose les couleurs des fleurs, des champs, de la mer. « Le dessin c’est la sensation » dira-t-il. Traits nerveux ou précis lui permettent d’immortaliser la spontanéité de son regard, son émotion première.


Pierre Bonnard, Nature morte aux fruits, vers 1930 - Collection particulière © Droits réservés


Les toits, les maisons, les montagnes émergent de ces paysages inondés de soleil et de lumière comme dans Paysage de montagne (vers 1918) ou encore Bord de mer (vers 1932) où spontanéité rime aussi avec ordre ; un mauve répond à un rouge insolite et ordonne le tableau qui « est un petit monde qui doit se suffire ». « Le tableau est une suite de taches qui se lient entre elles, et finissent par former l’objet, le morceau sur lequel l’œil se promène sans accroc » confie encore Bonnard. Paysage soleil couchant (1923), résume bien ce sentiment. Le jeu de masses colorées fait naître lumières et formes et montre combien sa composition est de plus en plus le fait de la couleur. Ou encore La Petite fenêtre (vers 1940) d’un jaune éblouissant s’ouvre sur cette nature qui lui offre des sensations puissantes et nouvelles. À près de 80 ans, Bonnard continue à apprendre. Il commence seulement à comprendre et voudrait tout recommencer, tel qu’il le dira au jeune peintre Bazaine.

L’exposition se termine autour de son symbolique amandier qui se dresse face à la fenêtre de sa chambre : L’Amandier, symbolise la joie de le voir refleurir chaque année jusqu’au point de le forcer à le peindre à chaque printemps et de s’identifier à lui dans la renaissance de son être. Les propos de Jean Leymarie, fasciné par la vie du grand peintre, à la suite d’une visite au Cannet pourraient résumer ainsi la découverte de ce nouveau parcours « Ils n’en rapportaient aucun secret, mais le souvenir ébloui d’un artiste réalisant le vœu de Goethe, la difficile simplicité. Ils se sentaient un peu meilleurs et plus peintres qu’auparavant. »


Musée Bonnard - 06110 Le Cannet - tél. 04 93 94 06 06