Côte d’Azur. Chirurgie-dentaire : la guerre des tarifs...

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« Dental access » avait installé en janvier dernier, un centre dentaire à Cannes, un autre à Saint-Laurent du Var. Tout s’était fait au grand jour et ses responsables avaient fait savoir, notamment en invitant les médias, que seraient pratiqués des tarifs accessibles au plus grand nombre. Le tout sous le regard apparemment bienveillant de l’Assurance maladie. Mais cette annonce n’eut pas l’air de plaire aux chirurgiens-dentistes déjà en place. C’est que, les tarifs indiqués étaient moitié moins cher, à minima, que ceux pratiqués habituellement. Tout se passait de façon satisfaisante dans des cabinets flambant neuf et parfaitement équipés. Jusqu’à ce que...



- cabinet "Dental access", Cannes -


Mis au courant de l’ouverture de ces deux centres dentaires, l’ordre des chirurgiens-dentistes prévint l’Agence Régionale de santé PACA qui aussitôt diligenta une enquête. Celle-ci demanda qu’on lui fournisse certains documents administratifs et dans cette attente, décida la suspension de toute activité. Une surprise bien désagréable pour les praticiens et surtout pour leurs patients en traitement. Les responsables des centres minimisent. Les documents demandés ne seraient pas essentiels et cette cabale à leur encontre serait instrumentalisée par le lobby exercé par le Conseil départemental de l'Ordre des Chirurgiens-dentistes des Alpes-Maritimes.


Aux yeux des responsables, cette décision est d’autant plus brutale, « qu’elle intervient en dépit des impératifs de santé publique et de la nécessité de continuité des soins. Elle s'inscrit dans une prise de position hors de proportion de l'administration qui ne saurait répondre aux exigences d'un Ordre qui existe depuis 1945 et qui n'est jamais intervenu en faveur de l'accès aux soins dentaires de la population. » Ils insistent même, arguant : « Comment expliquer autrement le succès et l'afflux sans cesse grandissant dans les centres de santé dentaire depuis leur développement récent dans notre région ? Comment expliquer l'état de santé bucco-dentaire de nombre de nos patients qui jusqu'ici ne pouvaient recourir aux soins faute de moyens suffisants pour honorer les tarifs des professionnels libéraux qu'ils ne justifient en rien par une qualité supérieure ou des conditions d'environnement technique supérieur aux centres de santé ? » 


Si ce n’est pas une déclaration de guerre, ça y ressemble ! On peut s’étonner ainsi des proportions de l’intervention d’un huissier de justice qui, accompagné d’un agent de la force publique, fit irruption dans le cabinet cannois, intimant au dentiste en plein travail de cesser immédiatement son intervention ?


En attendant l’issu de ce réglementent de compte, les patients attendent avec une certaine impatience et inquiétude, la reprise des soins. Les responsables de la clinique cannoise les avaient invité ce lundi à une réunion d’information. Environ cinquante personnes étaient présentes et la direction les a assuré de mettre : « tous les moyens en œuvre pour obtenir la réouverture du centre dans les plus brefs délais et mener son combat à la fois contre le renoncement aux soins et contre les obstacles dressées par l'Ordre des chirurgiens-dentistes et des syndicats de chirurgiens-dentistes libéraux. » 


Syndrome du pot de terre contre pot de fer ? En tout cas, cet état de fait est vécu comme une injustice par les patients pris en otage et qui n’ont pas d’autre option que d’attendre que le dossier se débloque car il est difficile d’imaginer, indépendamment des conséquences financières, qu’un autre praticien accepte de finir une couronne ou un implant, un travail commencé par un confrère.


Pourquoi ne pas demander l’arbitrage de la ministre de la santé Agnès Buzyn, ou même d’Emmanuel Macron ? Ces deux-là ont clairement indiqué leur volonté de mettre à plat le dossier de la prise en charge des soins bucco-dentaires et de rendre les interventions nécessaires et souhaitables accessibles à tous.