« Le Sens d’une vie. »

Du cauchemar nazi au rêve américain…

Catégorie Les paradoxales

Une citation d’Albert Camus ouvre les mémoires de Ben Lesser : « La vie est la somme de tous vos choix ». Ce témoignage très vivant relève à la fois du récit historique par sa rigueur et sa complétude, et du livre initiatique par son message. L’auteur, qui y retrace sa vie depuis son enfance, immerge le lecteur dans la culture juive, et raconte le cauchemar nazi puis la libération et, sans diplôme, ni métier, ni revenu, incapable de lire ou de prononcer un seul mot d’anglais, sa nouvelle vie aux USA.




Benjamin Lesser naît en Pologne en 1928. Ses parents, ses deux frères et deux de ses sœurs sont assassinés par les nazis. Déporté à 16 ans, il survit à son passage dans plusieurs camps, ainsi qu’à une marche de la mort, avant d’être libéré du camp de Dachau en 1945. Arrivé à 19 ans aux États Unis, faisant preuve d’une énergie et d’un tempérament hors du commun, il prend sa vie en main, fonde une famille et, après avoir exercé différents métiers, devient agent immobilier en Californie. Après une vie de travail intense, il crée la fondation Zachor en 2009 et décide d’écrire et de publier son histoire. Il témoigne depuis 1995 sur la Shoah dans les établissements scolaires et chaque fois que l’occasion s’en présente pour préserver la mémoire des disparus, raconter l’horreur afin qu’elle ne se reproduise pas et expliquer que toute vie a un sens.


« Je m’appelle Ben Lesser et je suis un survivant de la Shoah. Cela signifie que, pour une raison que j’ignore et à la différence de six millions d’autres Juifs innocents, je ne suis pas mort sous le Troisième Reich, alors qu’Hitler gouvernait l’Allemagne. Ces personnes furent éliminées de la surface de la terre comme si elles n’avaient eu aucune valeur. Comme si elles ne comptaient pas. Cela signifie aussi que depuis ma libération du camp de concentration de Dachau, il y a plus de soixante-dix ans, je n’ai jamais cessé de me demander pourquoi ma vie avait été épargnée. Et je n’ai jamais cessé non plus de pleurer ceux qui ont perdu la leur. Le verbe hébreu zachor signifie souviens-toi, et nous autres rescapés des camps sommes déterminés à faire en sorte que le monde n’oublie jamais que chaque vie compte. »


Le sens de la vie, c’est aussi ce à quoi Ben Lesser invite son lecteur à réfléchir… Il écrit qu’il n’existe aucun moyen d’empêcher un génocide mais incite chacun à assumer ses responsabilités : en actes, en paroles, dans ses choix. Et il rappelle que chaque individu «  peut choisir le respect plutôt que la haine ».


« Le Sens d’une vie. »
Du cauchemar nazi au rêve américain
par Ben Lesser
Notes de Nuit éditions
Traduit de l’américain par Blandine Longre - 230 pages - 20 €.