Le bien-être en entreprise, nécessité incontournable ou effet de mode ?

Catégorie Les paradoxales

Jean-Noël Gaume est auteur et conférencier, spécialiste du Management Haute Performance. Passionné par le monde de l'entreprise comme celui du sport de haut niveau, inventeur du management réconciliateur, il est adepte, pour partie, de l'entreprise libérée sans pour autant souscrire, dit-il,  aux élucubrations de ceux qui prônent cette libération sans véritables stratégies rationnelles d'instrumentation. Il vient de publier « L'Entreprise Inspirante » aux éditions Kawa.



Le bien-être est un mot valise qui renvoie à la notion de bonheur et d'harmonie. Dans l'entreprise, les gens ressentent un certain bien-être quand ils sont bien dans leur peau et qu'ils éprouvent du plaisir à vivre ensemble.
« Tous les hommes recherchent d'être heureux » écrivait 
Blaise Pascal. Autrement dit, l'homme n'a qu'un but : accéder au bonheur et, bien qu'il soit spécifique à chacun, il y a des principes communs et l'entreprise ne doit pas avoir de doute sur la manière dont elle doit aider ses salariés à l'approcher au plus près.
Je pense qu'aujourd'hui, on ne peut dissocier 
le bien-être de la motivation. La motivation dans l'entreprise est une obligation vitale. Or la motivation est un triptyque : le plaisir à faire, l'envie de réussir et le désir de progresser. L'énergie vitale de l'individu, sa forme physique et mentale, son rayonnement psychologique sont directement liés à la qualité du rapport avec son environnement physique et relationnel. La relation à l'autre constitue d'ailleurs la principale ressource énergétique. En fait, il y a deux types de liens : les relations positives, sources d'énergie, de plaisir, de confiance et, au bout du compte, de bien-être et de force, puis les relations négatives qui n'apportent que doute, interrogations, stress et, au final, mal-être et fragilité. Lorsqu'il y a plaisir, l'individu est rayonnant, toutes ses capacités sont activées. Lorsque la relation à l'entreprise est négative, l'individu est inhibé, entre en mal-être, ses capacités sont paralysées, son plaisir décroît et devient nul. L'échec est inscrit.
 
Libérer le bonheur
 
Pour une entreprise, la croissance c'est l'intelligence, la création de richesses. Pour faire du profit, il faut des clients heureux et pour ce faire il faut des collaborateurs heureux. C'est en période difficile ou de crise qu'il faut libérer le bonheur. D'où l'obligation pour l'entreprise de prendre en compte la manière dont elle doit assurer les conditions de travail, d'emploi, de rémunération, le dialogue social et les exigences sociétales les plus performantes possibles, c'est-à- dire tous les paramètres qui participent au 
bien-être des individus au travail en étant attentif au fait que l'engagement professionnel impacte positivement la qualité de vie personnelle qui, en retour, influe sur la qualité du travail effectué.
 
Dans l'ancien monde, 
le bien-être, le bonheur en entreprise, étaient des concepts qui n'apparaissaient pas dans la conscience collective comme moteurs de performance. Les avancées technologiques étaient complémentaires du travail humain. La promesse de la prospérité matérielle, du progrès et de la croissance économique créait une société hiérarchisée, verticale, où chacun était à sa place mais pouvait rêver d'avoir, quelques années plus tard, le même taux d'équipement matériel et le même train de vie que celui qui les commandait. Cette promesse économique garantissait un avenir plus confortable que celui des générations précédentes et permettait de s'élever au-dessus de sa condition originelle.
 
Avant, l'entreprise négligeait l'individu, aujourd'hui, place au facteur humain [...]
 
L'entreprise pérenne sera celle qui fidélisera ses personnels en appliquant des solutions innovantes avec toujours plus de responsabilisation, de délégations et d'amplifications des temps motivationnels de ressourcement. Autrement dit, elle doit avoir l'obsession du plaisir et du 
bien-être de ses salariés. Le plaisir, c'est la relation positive, le bien-être, c'est la cohésion fraternelle et émotionnelle dans un système relationnel et organisationnel, ponctué de séquences ressourçantes qui associent la convivialité et le ludique (salle de repos, salle de sport, yoga …)
 
Le changement doit s'opérer dans quatre domaines : réussite de l'entreprise, avancée dans le domaine social et sociétal, fonctionnement d'équipe, élévation personnelle. Tout cela avec des objectifs clairs, des conditions de travail optimales et des systèmes qui fonctionnent au meilleur coût. Il s'agit de revoir les organisations qui doivent désormais reposer sur une structuration en équipe et plus sur une structure de base de l'individu. Cela permet une meilleure flexibilité donc une meilleure adaptation aux évolutions de l'environnement.
 
Le management doit faire de l'entreprise un lieu de bien-être ; c'est le seul lieu où l'individu peut développer ses talents et trouver son achèvement. Dans les mois et les années à venir, l'entreprise devra installer les nouvelles générations sur une trajectoire qui encourage la bienveillance sans disqualifier l'exigence vertueuse, autorise la libération des énergies, ouvre des espaces de progrès et de liberté, crée l'harmonie quotidienne et apporte l'espérance d'une vie réussie.
En résumé, 
le bien-être pour les individus et les groupes se mesure à travers quatre mots-clés : le plaisir de vivre, l'apprentissage, le sourire, la croissance des chiffres.

Jean-Noël Gaume


- L'Entreprise Inspirante, récemment publié aux éditions KAWA - 224 pages - 23 ,95 €.