Politiquement vôtre : notre chronique de juillet 2001...

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Publié dans le numéro du magazine papier de Paris-Côte d'Azur.



- Eric de Montgolfier -


* Justice. Elle a gagné un peu plus de crédibilité en osant condamner en première instance un ancien président de la Haute Cour. Roland Dumas, obligé de démissionner de cette présidence, a écopé d’une peine de prison ferme. Idem pour Loïk Le Floch-Prigent, Alfred Sirven, Christine Deviers-Joncours. Si Charles Pasqua dit être toujours candidat à la présidence de la République, ses trois mises en examen, même si elles le conduisent à autant de non-lieu, l’affaiblissent. L’humble citoyen a enfin l’impression que le personnel politique est traité comme lui. Reste en suspend le cas du traitement envers le Président de la République. Espérons qu’à l’occasion des prochaines élections, les pendules soient remises à l’heure et que la justice aura le dernier mot.


* Andon-Thorenc. Pour se faire réélire à la mairie de cette commune à deux têtes du haut pays grassois, Adrien Prato, a dû convaincre son ami Jacques Varonne d’abandonner son projet de traitement des boues urbaines qui chatouillait un peu trop les papilles du voisinage. Mais, en ce début de mandat, la justice le rattrape sur un dossier de prise légale d’intérêt. Un dossier suffisamment consistant pour que le procureur de la république requière contre lui une peine d’un an de prison avec sursis et de deux ans d’inéligibilité. Est également mis en cause sur cette même affaire Pierrette Bellon maire de Saint-Auban et très longtemps conseillère du canton.


* Le procureur Eric de Montgolfier a ordonné une enquête au sujet de recherches illégales effectuées sur le registre du casier judiciaire. Ce qui a eu pour effet de conduire le doyen des juges de Nice, Jean-Paul Renard, devant les policiers. Il lui serait reproché d’avoir effectué ces recherches dans le but de s’assurer que les candidats à la franc-maçonnerie étaient irréprochables. Ces recherches n’ont semble-t-il pas empêcher la GLNF de recruter des personnes auteurs de pratiques contestables. Le nouveau Grand maître provincial, Tanzer Ercan, le dit lui-même, cette région représente « 80 % des affaires pour seulement 7 % des effectifs ». Une région à risque ?


* Le monde judiciaire n’a pas tardé à réagir, étonné de la procédure exceptionnelle visant l’un des leurs. On avait l’habitude de régler son linge sale en famille, sous le regard de l’Ordre. Le juge Renard se plaint « d’avoir été traité moins bien qu’un citoyen ordinaire ». Il avertit « J’ai en gestion à mon cabinet un dossier qui m’aurait permis d’agir de la même façon vis à vis de lui (NDLR : c’est à dire du procureur). Je ne l’ai pas fait parce que j’ai le sens de la mesure ». Eric de Montgolfier parle lui « de l’incroyable corporatisme d’un certain monde judiciaire lorsque l’on touche à l’un des siens ».


* Ce sont les juges italiens qui avaient déclaré la chasse ouverte. Depuis, en France comme ailleurs, les têtes ne cessent de s’incliner, sinon de tomber. Sans excuser les faits qui leurs sont reprochées, on peut comprendre qu’il fut un temps durant lequel certaines pratiques condamnables, étaient tolérées sinon tolérables. Les règles du jeu, si faussé était-il, se sont modifiées et durcies. On peut imaginer sans crainte que certains, s’ils avaient su, auraient été autrement prudents.


* La crédibilité des juges c’est leur indépendance. Francs-maçons ou pas, de droite ou de gauche, ils leur faut être impartial. Si l’on en juge par les têtes visées et les dossiers en cours, il semble qu’ils y parviennent. Eric de Montgolfier ne craint pas de se mesurer à une franc-maçonnerie affairiste tandis que Dominique Strauss-Kahn, Roland Dumas ou C. Mitterrand à gauche aussi bien que la famille Tiberi, Charles Pasqua et d’autres membres du pouvoir à droite, sont dans le collimateur.


* A l’occasion d’une réunion sur la sécurité de la circonscription de police Antibes/Vallauris, le député-maire, Jean Leonetti, a fait état de mesures énergiques. Certaines autorisations de fermetures tardives ne seront pas renouvelées, création d’un service municipal de surveillance des plages, mise en place de travaux d’intérêts généraux… Il est décidé d’intervenir auprès du procureur pour que les outrages à agents de la force publique soient plus souvent sanctionnés et compte sur la médiation pénale et la création d’une maison de la justice pour désengorger les tribunaux.


* Last but not least, le rapprochement avec les services fiscaux pour qu’un parallèle soit fait entre le train de vie de certains individus et leurs sources de revenus. Il est vrai que lorsqu’on pointe au chômage, qu’on touche le RMI et qu’on roule en Golf GTI toute neuve, on est en droit de s’interroger sur l’origine de ce signe extérieur de richesse…


* Ce même Jean Leonetti qui fait part de ses inquiétudes au président de la République : «la violence est de plus en plus forte, de plus en plus jeune, de plus en plus ouvertement dirigée contre la police». De son côté, le très prolixe député Luca, intervient régulièrement sur le sujet et martèle ses positions de propositions et de projets de lois. Dernier en date celui de rétablir la peine de mort pour les auteurs de meurtres délibérés ou assassinats de fonctionnaires de police. Un projet qui ne va pas dans le sens de l’histoire et qui n’offre, puisqu’il est sans espoir d’aboutir, que l’espoir de récupérer un électorat qui veut entendre ce message.