Présidentielles. Le regard aiguisé d’un ancien maire de Montréal…

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Durant deux mandats maire de Montréal, capitale économique de la province de Québec, Pierre Bourque passe depuis plusieurs années l’hiver sur la Côte d’Azur. Nous l’avons rencontré à Cannes à la piscine du Grand Bleu qu’il fréquente assidûment pour garder la forme. Défenseur intransigeant de la francophonie, il suit toujours avec beaucoup d’intérêt la vie politique en France. Une France qu’il aime et qu’il a sillonné de long en large, en prenant soin de parler avec les... gens. Après un séjour de plusieurs mois à Golfe Juan et un voyage de Lyon à Nancy, puis Lille, Calais, Dunkerque, la Côte d'Opale, Reims et enfin Paris « quelle ville extraordinaire ! », il est rentré au pays cultiver son jardin et profiter de l'explosion de la nature… on passe là-bas sans transition de l’hiver à l’été...



- Pierre Bourque, Alain Dartigues -


Il nous a confié au lendemain du premier tour des élections présidentielles une analyse succincte à propos des résultats, des enjeux et des rapports de force :



« Monsieur Fillon, qui n'a selon son propre témoignage plus la légitimité pour conduire les élections législatives de juin, aurait dû savoir que les Français lui avaient déjà enlevé cette légitimité lorsqu'il a maintenu sa candidature suite à sa mise en examen. Monsieur Juppé aurait été un meilleur candidat et le résultat aurait été complètement différent de ceux du premier tour.


Les problèmes politiques sont maintenant très graves pour la France car si tout le monde croit à la victoire de monsieur Macron au 2ème tour et qu'il deviendra officiellement Président de la France le 7 mai prochain, rien ne sera réglé avant les législatives qui éliront 577 députés. Le danger qui existe est que le France retrouve les malheurs de la 4ème République avec le retour du pouvoir des partis.


J'espère que monsieur Macron obtiendra près de 70% des voix mais les sondages actuels le créditent d'environ 62% seulement et à ce jour les sondeurs ne se sont pas trompés. Compte tenu de la division du vote en 4 groupes pratiquement égaux et des disparités régionales importantes, le futur Parlement français sera très éclaté et je ne vois pas comment monsieur Macron pourra gouverner et où il trouvera une majorité. Plus il y aura de triangulaires lors de ces législatives, plus il y aura de députés du Front National.


La France des villes à l'exception de Nice et Marseille a voté Fillon, Macron et Mélenchon. Quant à la France rurale, madame Le Pen est en position de force un peu partout sauf dans l'ouest de la France et le sud-ouest. L'idéal serait une entente avant les Législatives entre monsieur Macron et les Républicains afin de faciliter le développement économique et les créations d'emploi.


Parmi ceux qui doivent jouer un rôle important auprès de monsieur Macron, je pense à monsieur Le Drian et à monsieur Gérard Collomb dont le rôle a été déterminant en Bretagne comme la région de Lyon pour la victoire de monsieur Macron. Ce sont donc des élections très difficiles car personne ne semble vouloir faire des compromis actuellement. Le plus rebelle étant monsieur Mélenchon. Chez les socialistes, il n'y a pas vraiment d'élément fort à part des deux que j'ai nommés et je n'ai pas tellement confiance à monsieur Bayrou qui contrairement à monsieur Le Drian n'a pas drainé beaucoup de votes à monsieur Macron. »


Pierre Bourque s'attend à un deuxième tour plus difficile que prévu. Madame le Pen a plus d’expérience que monsieur Macron. Le résultat final pourrait ainsi se rapprocher d'un 60/40 en faveur du candidat... centriste.


De son côté l’actuel maire de Montréal, Denis Coderre, a pris sans ambiguïté position en faveur d'Emmanuel Macron (ici). On a vu par ailleurs que les expatriés français, nombreux à Montréal et à Québec, avaient voté en masse, ne craignant pas d'attendre plusieurs heures dans le froid que les bureaux des consulats ouvrent...