Pollution visuelle,

entre myopie et presbytie...

Les gouvernements nous ont depuis longtemps habitué aux petits pas de deux. Un pas en avant suivi dans les jours ou les mois qui suivent par un pas ou plusieurs en arrière... Choisie parmi d'autres exemples, la tentative avortée de limiter au strict minimum les panneaux publicitaires qui fleurissent ici et là, nous imposant leur présence et distrayant notre attention de la conduite :

Les associatifs de France Nature Environnent et Agir pour les paysages ne s'y sont pas laissés prendre qui dénoncent le risque d'une multiplicaiton des panneaux XXL.

Moins de deux mois après l’entrée en vigueur de l’interdiction de la plupart des « préenseignes dérogatoires », ces panneaux de petit format installés à l’entrée des villes, les services du ministère de l’Écologie présenteront le 3 septembre un nouveau projet de décret sur l’affichage publicitaire. Présenté comme des « mesures de clarification », ce projet de décret vise surtout à faciliter l’installation de panneaux publicitaires beaucoup plus grands que ceux interdits en juillet.

Ce projet de décret prévoit plusieurs mesures pour faciliter l’implantation d’écrans vidéo publicitaires. Aujourd’hui cantonnées aux six plus gros aéroports français, des télévisions géantes de 50 m² pourraient désormais être installées sur les parkings et voies d’accès de dizaines de stades. Or, ces dispositifs ne sont pas seulement facteurs de troubles de voisinage et dangereux pour les automobilistes. Ils sont également fortement consommateurs d’électricité.

La loi « Grenelle 2 » avait réformé les règlements locaux de publicité qui désormais, devaient avoir pour objet de renforcer la protection du paysage et non d’augmenter les possibilités d’implantation de panneaux publicitaires. Le projet de décret propose de faire table rase de cette mesure.

Désormais, les règlements locaux pourraient autoriser des panneaux publicitaire sur pieds de 12 m² même dans les petites villes où de tels panneaux sont interdits depuis 1980.

Pour Cyril Ronfort, président d’Agir pour les paysages : « Il est aberrant que le ministère de l’Écologie propose d’autoriser en septembre des panneaux huit fois plus grands que ceux devenus interdits au mois de juillet. L’urgence est de réhabiliter les entrées de ville et non de les enlaidir encore davantage ! »

Le projet de décret prévoit aussi d’imposer aux maires, lors de l’élaboration des règlements locaux de publicité, la consultation des sociétés d’affichage publicitaire mais rien n’est prévu pour les associations de quartier et les riverains des panneaux publicitaires.

Le ministère de l’Écologie a déclaré en septembre 2014 que « le temps est venu de relancer une action vigoureuse qui mette l’accent, au-delà des sites remarquables, sur les paysages du quotidien et les lieux de vie de tous les Français ». Ce projet de décret va exactement à l’encontre de cet objectif !

Ce qu'il fallait dire !