Vence : les Nuits du Sud

ont fait le plein, de qualité aussi...

Cet été, du 9 au 25 juillet, le festival vençois a fêté sa majorité. Désormais plus resserré - 3 semaines ou lieu de 5, 9 soirées au lieu de 13 - mais en échange davantage de grands noms et des off qui trouvent leurs marques… Sans que sur le fond la formule change : des soirées tout public, à prix abordable, dans le cœur de la ville de Vence, des mélanges musicaux variés avec des rencontres parfois étonnantes et détonantes.

Ce sont les journalistes de la station de radio « l'Oreille qui Gratte » qui en parle le mieux et dresse en détail le bilan :


« Le démarrage fut très rock avec l’expérimenté Beth Hart qui nous fit revivre la légende Janis Joplin, Jimmy Cliff a trouvé la formule du reggae, à tous les coups ça marche. Natalia Doco, un sourire, une beauté, un voyage magnifique dans les musiques hispanisantes, de minute en minute l’intensité de son show a monté pour prendre à la tombée de la nuit sa pleine mesure. Milky Chance fut la grande frayeur du festival : la veille l’un des musiciens fut hospitalisé. La seule date française du duo allemand a été en sursis jusqu’à la dernière seconde. Heureusement, pour le plaisir des plus jeunes, le concert eut lieu, mélange de rock sombre et de touche électro, tout fonctionne sur deux titres mais ça marche.





Maceo Parker est chaque année sur une scène azuréenne, et chaque année il y a autant de spectateurs, on comprend pourquoi, vu une fois, adopté pour toujours. Yuri Buenaventura a fait un régime qui lui a réussi, il est en meilleure forme que lors de sa précédente venue, la preuve : toute la place s’essayait maladroitement à des pas de salsa. Mario Biondi : télescopage entre Barry White et La croisière s’amuse. Bel effet de surprise. Charlie Winston réside régulièrement à Nice, il connaît bien les goûts du public azuréen. Il a donc emporté largement la mise surtout quand sa folk prenait des tours et se transformait en rock, sa visite dans le public a elle aussi marqué les esprits.


Thiefaine, bien qu’à L’Oreille Qui Gratte nous aimons les musiques plombées, nous tournions autour depuis toujours. Déjà il y a 30ans au collège de la Sine, ce nom écrit sur les sacs US nous intriguait, mais le noir absolu et l’accès difficile de Thiefaine nous rebutait ; son avant-dernier album Supplément de mensonges nous avait mis la puce à l’oreille, mais nous n’étions pas allés plus loin. Mais là, grande claque, Thiefaine a des textes absolument incroyables écrits à la plume, c’est rock à souhait, il habite la scène. Nos routes se sont enfin croisées, on ne va donc plus le lâcher. Sans contexte l’un des plus grands dans la famille rock française.


C’était donc bien difficile après ça pour la tchatche des Toulousains de Zebda. Bon c’est plutôt marrant, ça a donc marché. Le final, lui, nous donna des frissons, l’un des hits de Zebda, Motivé, est une adaptation du Chant des partisans qu’ils firent reprendre en chœur par le public. Le son montant, un chœur de 5 000 personnes reprenant cet hymne de la Résistance s’est propagé jusqu’aux hauteurs de Vence, on aurait pu penser être le 8 Mai 1945 ! Sans le savoir et malgré eux, Zebda ont ainsi créé un instant rare.


Ayo très beau, mais peut-être trop propre, trop lisse. Il y a 35 ans nous n’écoutions pas Imagination, donc en 2015 on se moque un peu de Imagination Featuring Leee John, mais pourtant ça fonctionne. Souad Massi : nous étions coquins avant le concert mais ce fut une confirmation, un voyage dans toutes les cultures, une artiste rare. Regrettons seulement le percussionniste qui en fait des tonnes. Joan Baez est une légende, nous avions l’impression d’assister à une messe, tout le monde écoutant religieusement ses airs folk connus de tous.


Arthur H a démarré au piano avec des ballades sombres, pour finir il a dansé dans un caddie, avec une veste à ampoules nous invitant sur un air disco à danser avec Madonna. Les textes de Tiken Jah Fakoly se veulent révolutionnaires, mais leur côté naïf nous firent penser à Amadou et Mariam, créant sans le vouloir une bonne humeur qui nous fit adhérer immédiatement à leur son rastafarien. Percus africaines à gogo pour Lindigo qui finit au milieu du public. Pour nous, Magic System s’apparente à un cours de zumba d’1 h 30 mais le public en redemande.



Voici pour la programmation officielle. Mais n’oublions surtout pas les à-côtés qui font partie intégrante du festival, avec tout d’abord le tremplin des Talents du Sud ouvert à des artistes en devenir de notre région (à noter que L’Oreille Qui Gratte fait partie du jury). Trois groupes étaient sélectionnés : c’est le hip-hop de Yuna Project qui l’a emporté, nouvelle mouture pour ce groupe expérimenté puisqu’ils ont déjà joué dans ce même tremplin en 2009. The Dead Fox On The Road remporta le prix du public, tout jeune duo de folk qui progresse à la vitesse du vent. À suivre de près. Wild Roses, ce groupe 100 % féminin, monte sur la troisième marche, un peu plus d’énergie et la formule sera la bonne.




Dans la droite ligne du tremplin, Les instants concerts avec des groupes repérés lors des pré-sélections des Talents du sud. The Chillers : bonne humeur assurée avec leur reggae de bonne facture, Marie Reno, très très belle découverte : voilà une fille comme nous les aimons, avec de l’humour et qui n’a pas froid dans le dos. Syka James envoie grave le pâté, seul avec sa guitare, Lunatik Souk porte bien son nom : ça change de style sur chaque morceau, mais toujours avec classe et bonne humeur. Soneros Del Caribe a proposé une salsa qui faisait danser, jusqu’au parvis de la cathédrale Notre-Dame de la Nativité.


Finissons avec les deux Nuits Intimes qui avaient lieu dans le cadre exquis de la Salle des Meules. Au programme de ces soirées un concert, puis une rencontre avec l’artiste autour d’un apéritif. Daby Touré puis Awa Ly ont séduit. Mention particulière pour Awa Ly qui a des faux-airs d’Amy Winehouse. Regrettons que ces soirées n’aient pas encore trouvé leur public car ce sont des must.


Cette 18e édition du Festival des Nuits du Sud fut donc une grande réussite artistique et populaire, puisque chaque soirée fut bondée (en moyenne 5 500 personnes). La suite, ce sera une nouveauté avec le Printemps de Vence, organisé par l’équipe des Nuits du Sud. On piaffe d’impatience de découvrir ça ! »


L’Oreille Qui Gratte