La Napoule : les Vinofolies de Mai...

le commentaire de Pascal Paulze, Chef Sommelier à L'Oasis.

En ce mois de mai, Cannes a eu sa Palme d’Or, Monaco son Grand Prix et L’Oasis... sa soirée Château Simone.

- Pascal Paulze, Jean-François Rougier et Stéphane Raimbault -

Le vin mythique de Palette réalise sur un terroir au nord de Meyreuil des vins de haute définition. Une renommée acquise depuis les années 40 et amplement méritée : des blancs qui traversent les décennies sans rien perdre de leur panache, des rosés qui se jouent complexes et vineux, des rouges délicats et terriens. Une démarche au combien qualitative, suivie depuis quatre générations, que Jean-François Rougier est venu nous conter en cette soirée « Vinofolies ».

L’introduction a d’abord été confiée à la cuvée « Les Grands Carmes de Simone » 2011 : un vin de pays issu d’un terroir jouxtant immédiatement La Simone. Uniquement produit en blanc, ce vin se veut plus aérien et flatteur que son aîné. Il offre une jolie palette de fruits blancs, avec des notes florales. Amplitude et intensité en bouche nous confirment le sérieux de la cuvée.  Un vin très confidentiel, puisque produit à hauteur de quelques 2500 précieuses bouteilles, vendues exclusivement à la clientèle particulière du domaine.

Pour entrer dans le vif du sujet, la Simone blanc s’imposait. Considéré par la plupart des amoureux du vin comme la référence en matière de vins blancs de Provence, 50% de la production du domaine lui est réservée. Élaboré à partir de clairette en très grande majorité, associée à l’ugni blanc, ce vin a été mis en scène en dégustation parallèle du 2010 et du 2001.  Deux millésimes qui se sont affrontés dans le même but : sublimer une terrine de foie gras au Château Chalon, en brioche truffée. Caractère fruits blancs, sève de pin, brioché d’un élevage subtil à la structure intense, mais vive… 2010 a su donner la réplique à la texture du plat.  Quant à 2001, il s’est confondu de plaisir avec les parfums de l’assiette, mariage heureux grâce à des arômes de cire d’abeille et de sous-bois aux accents truffés.  L’amplitude du vin a tenu tête au plat, dévoilant même un visage plutôt frais pour ce millésime généreux.

La soirée s’est empourprée avec la présentation du rosé 2012. Couleur soutenue, nez agréable et parfumé évoquant les fruits rouges, le pamplemousse rose confit, la fraîcheur du basilic. Une profondeur bien relayée en bouche par une texture dense, un volume parfaitement équilibré avec une finale et une rétro-olfaction à faire prendre des couleurs à cohorte de rosés « pâlichons ».

Pour cet élève très sérieux, un plat tout aussi singulier fut concocté : rouget et légumes du moment grillés, émulsion de pomme d’amour et sauce anchoïade… ensemble haut en saveurs, tout autant qu’en couleurs, pour une symbiose parfaite !

Le récit de notre vigneron du soir a habilement flatté ces dames : « Les vins de la Simone sont, tout comme vous, Mesdames, toujours plein de charme, qu’ils soient jeunes ou âgés. »   Charmeur, Monsieur Rougier ! Comme ce rosé qui, sans rivaliser avec le vin blanc, peut se vanter de belles sensations, après quelques années de garde. Avec un encépagement à 40% de grenache, 20% de mourvèdre complété par du carignan, du cabernet-sauvignon et du cinsault, le rosé nous a naturellement amené au rouge, issu des mêmes proportions de raisin.

Et c’est avec le millésime 2007 que Jean-François Rougier nous a laissé découvrir son rouge.  Un très joli millésime de maturité et d’équilibre, mais surtout un vin prêt à boire car, sachez-le, il faut être patient avec ces vins. Dans le verre, prendre le temps qu’il vienne à vous. Dans la cave, un minimum de cinq ans se doit d’être respecté.

2007 nous a donc offert une robe d’un beau grenat, un nez où se sont mêlés fruits noirs, épices et les notes d’une noble évolution de terres humides, sous-bois et cuir. La bouche a accompagné le nez grâce à une texture fondue, une vivacité portant le vin vers une fin épicée, toute en longueur. Une merveille, facile à associer, dans son esprit presque « bourguignon »,  avec un pigeon farci, petits légumes à la brousse et champignons, jus tranché au beurre noisette.  Belle alliance de saveurs, où notre Simone rouge s’est épris du plat, faisant de cet instant une union « très gaie », comme une évidence, dans le partage des goûts. Mais le rouge vient bien du domaine du Château de la Simone, alors, masculin ou féminin, peu importe ! Toujours est-il que la magie a opéré. 

Un clin d’œil à notre vigneron, installé dans la région d’Aix-en-Provence : pour le dessert, un calisson revu et corrigé par François Raimbault et, l’heure du retour approchant, un grand merci à La Simone et ses dignes et fidèles représentants ! Monsieur et Madame Rougier, que la route vous soit longue et généreuse !

 

- jeudi 27 juin : les Vinofolies de l’Étage accueillent le Domaine de Jale !
- Réservations, tel. 04 93 49 95 52 -