Juan-les-pins : le paquebot « Le Provençal »

vers un nouveau départ ?

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La Belle endormie a-t-elle enfin trouvé le Prince charmant qui la tirera de sa trop longue léthargie ? C’est en tout cas ce que souhaitent tous ceux qui passent devant l’hôtel longtemps emblématique du « Provençal ».


- l'ossature du géant…

André Guillouard, le dernier directeur de cet hôtel mythique fermé en 1976, évoquait pour nous, avec nostalgie et un zeste d’amertume, les dernières années de l’établissement juanais. Entré comme sous-directeur de l’établissement, racheté à la famille Gould en 1970 par le diamantaire Reza, il en devient rapidement le directeur commercial et apprendra la fermeture de l’hôtel en… écoutant France Inter. L’hôtel de 300 chambres, presque autant que le Carlton de Cannes, était difficile à remplir et n’ouvrait que d’avril à fin septembre. Pour tenter de rentabiliser l’hôtel qui recevait sans doute beaucoup trop d’invités de la famille du diamantaire, il suggère de diminuer le nombre des chambres et de créer une structure de thalassothérapie. Mais il est trop tard et le couperet tombe, sans préavis. L’hôtel ferme après 49 ans de bons et loyaux services.

Le bâtiment est immédiatement squatté, le mobilier pillé, le tout laissé dans un état lamentable. C’est ainsi que le trouvera le nouveau propriétaire, Cyril Dennis, un homme d’affaires tombé en amour devant ce qu’il reste de ce… monument de l’Art Déco. Il a plein de projets et commence dès 2008 à investir. Mais des nuages s’amoncèlent et les crises économiques se succèdent. Tout s’arrête, fort la volonté de Cyril Dennis de rebondir le moment venu.


- vue mer, last call…

Celui-ci est venu le mois dernier rencontrer les médias locaux et internationaux. Il les a conviés à visiter l’immeuble tel qu’il apparaît aujourd’hui et pour la dernière fois dans cet état. Il est vrai que cette vision d’une épave, sorte de Titanic qui ne veut pas sombrer, avait un caractère poignant et solennel… L’occasion aussi de dresser l’inventaire, à commencer par l’historique du Provençal, une véritable saga liée à ce qui était en train de devenir la… Côte d’Azur, Juan-les-Pins et le Cap d’Antibes en particulier.

Les Années folles allaient passer par là et marquer les esprits. Le champagne coule à flot et les VIP de l’époque font du Provençal une de leurs adresses préférées. L’hôtel recevra le Gotha de la finance, de la presse aussi bien que du monde du spectacle, beaucoup d’Américains aussi. On y croisera le baron Maurice de Rothschild, le boxeur Georges Carpentier, Charlie Chaplin, Mary Pickford, Douglas Fairbanks… Picabia, Massa, Signac y exposent, Cocteau, André Gide, Jean Paulhan, y séjournent… Ella Fitzgerald, Charles Trenet, Jean Sablon s’y produisent. Le Provençal a bien sûr sa plage et Frank Jay Gould fait construire pour ses hôtes des tennis et leur club house, un haras…

Le temps a passé, le Provençal, classé comme bâtiment remarquable au patrimoine de la ville d’Antibes, est toujours dressé, solidement bâti, prêt pour une nouvelle vie, celle que lui a préparé Cyril Dennis, avec à l’horizon de juin 2014 le lancement commercial et, en 2016, l’inauguration de « la Résidence Le Provençal » ainsi que la livraison des premiers appartements. Adjacent au bâtiment principal, l’hôtel Alba fait partie du lot. Il recevait les amis et la famille. Dans l’actuel projet, il gardera sa vocation hôtelière et portera le nom de la société immobilière éponyme. Avec, cerise sur le gâteau, un restaurant qui pourrait être géré par le groupe d’Alain Ducasse…


- de Gauche à droite : Jean Foussat (architecte), Cyril Dennis (Provençal Investments SA, Gilbert Cerf (Directeur de l'Urbanisme), Alain Faragout (architecte paysagiste) -

Comme pour le premier projet présenté en 2008, l’hôtel se transforme en une Résidence de luxe. Que dis-je, de très grand luxe même car Cyril Dennis a observé que ce créneau correspond au produit. Il existe une clientèle qui n’accepte pas d’être assise entre deux chaises. Il lui faut les matériaux les plus beaux, les vues mer les plus époustouflantes, le service le plus performant… Cette clientèle-là qui a choisi d’investir les derniers étages et seulement eux, de la Tour Odéon à Monaco, celle qui achète les villas de prestige de Saint Jean Cap Ferrat et du Cap d’Antibes.

Le Provençal aura bien des atouts avec ses piscines privatives, ses jardins, sa vue panoramique, sa décoration en adéquation avec son histoire romantique et artistique… À deux pas, au siège de la société, on peut d’ores et déjà avoir un aperçu de la qualité des matériaux proposés, de l’ambiance générale des installations, de ce que sera le hall d’entrée. Une démonstration pertinente et probante qui ne peut laisser indifférent le spectateur et l’acheteur potentiel.

De nouveau sur les rails, Le Provençal porte beaucoup d’espoirs. Chacun y trouvera son compte. Le projet correspond bien à la vocation du lieu, à sa situation dans l’espace et le temps. Antibes et Juan-les-Pins ne pourront que se féliciter de voir le bâtiment pimpant neuf, symbole d’un développement harmonieux et logique de la cité !


- le hall d'entrée qui rappellera le faste des Belles années…