Beaucoup de bruit pour rien…

In English : Much ado about nothing.

Le Fonds Hélène & Édouard Leclerc ouvre ses portes au public le 24 juin prochain aux Capucins de Landerneau (Finistère) avec l’exposition inaugurale « Gérard Fromanger. Périodisation 1962-2012. » Lorsqu’il évoque ce nouvel engagement dans l’action culturelle, Michel-Édouard Leclerc s’anime, convaincu que l’art « peut aujourd’hui nous sortir du marasme ».

Mes quelques connaissances de la gastronomie et de l'art, me poussent à réagir. Parmi les multiples qualités que je reconnaitrais à Michel-Edouard Leclerc celle de l'excellence dans la communication prévaut. C'est de notoriété publique : les supermarchés ont mangé leur pain blanc. Vient à présent la saison de la disette... dans certaines enseignes on fait tourner les PDG comme autrefois les pots de yaourts et  certains bouclent leur valise à 48 heures d'une élection... de peur de perdre la leur !

Ces réflexions ne s'adressent pas en particulier aux Centres Leclerc mais à tous les supermarchés et autres fabricants de produits alimentaires survitaminés et surprotégés prônant depuis des années à coup de slogans vantards les bénéfices que le consommateur pourrait en tirer... anti cholestérol, calcium, vitamine C, B6, B12 et j'en passe ! 

Un prix d'honneur au 0% matière grasse qui permet aux industriels et aux distributeurs de faire la culbute plusieurs fois... 0%, 5%, 10%... ils sont très forts : moins il y a de matière grasse et plus il y a de profits... tout cela évidemment pour notre santé ! Le résultat de notre alimentation défaillante est à présent avéré : obésité, allergies, diabète et augmentation fulgurante de cancers.

Alors, question existentielle : que faire à présent que la vache ne donne plus assez de lait ? ... et bien voilà qu'apparaît la manne de l'art contemporain ! Quelle lumineuse idée ! Aucun risque, car voici un créneau où personne (ou presque) ne comprend de quoi il s'agit. Partant du principe que chacun est artiste de sa vie, tout le monde y trouvera son explication. Vous l'aurez compris, les artistes en mal de reconnaissance font à présent la queue devant un autre supermarché.

Le bon sens et le bon cœur eussent été d'opter pour la sauvegarde du patrimoine culinaire pour lequel des artisans amoureux de leurs métiers se battent chaque jour aux côtés de chefs qui sont leur relais. Ce savoir-faire a fait la réputation de la France et de sa gastronomie. Les bonnes causes ne manquent pas... il suffirait de faire le tour de France et non celui des musées et fondations.

Cet engagement eût été une sorte de réparation des dégâts causés par une époque folle.

Au lieu de cela voilà qu’il est proposé à présent de nourrir de quelques traits de pinceaux trempés dans l'acrylique les espoirs de jeunes artistes en quête du quart d'heure de célébrité.

  • En référence, l'article publié sur le site Internet Avene qui a déclenché l'ire de notre billettiste [cliquer ici] et cet autre article de l'Express sur notre alimentation et la façon dont on nous manipule à ce sujet... ici.


Paule Elliott