Le billet d’humeur de Gérard Charlier de Vrainville : et pan sur les journalistes aux ordres et sur les politiques qui les donnent !

Catégorie Les paradoxales

Écouter la radio, le matin, c’est comme dans la chanson de Zazie, « Larsen » : on a beau changer de chaîne, lourd, le cœur est lourd... la radio, tous les journaux, c’est pareil !

Matin après matin, réveil après réveil, installé devant mon café, j’écoute la même rengaine. Il faut réguler l'économie devenu folle, taxer les méchants spéculateurs, mettre une taxe sur les transactions financières, punir les vilains marchés et surtout redonner aux politiques la prééminence de l’action… Du baratin pour gogos repris complaisamment en boucle sur ces ondes matutinales qui faisait la joie du chroniqueur Philippe Meyer.

C'est oublier que cette situation n'est que la conséquence logique de la gestion irresponsable des dirigeants politiques et des parlementaires de notre pays depuis plus de quinze ans. La Couverture maladie universelle, la CMU, qui permet à toute personne résidant depuis plus de trois mois en France de bénéficier de l’accès gratuit à l’assurance maladie (si elles n’y ont pas accès par ailleurs), est la fausse bonne idée typique qui plombe nos finances. Partant d’une attitude généreuse, noble, elle laisse la porte ouverte aux excès et aux fraudes, elle joue le rôle d’aspirateur et surtout est économiquement irresponsable. Le saupoudrage d’aides sociales sans un contrôle adéquat et sans contrepartie quand cela est possible, est un autre exemple de mesures qui amènent notre système capitalo-socialiste aux limites du possible.

La croissance n'est pas éternelle, ce n’est plus le maître mot même s’il est encore prononcé à tout bout de champ. À l’impossible nul n’est tenu. Il faut tourner la page, accepter l’évidence et ne pas pratiquer la politique de l’autruche. Le sable de nos plages publiques est jonché de mégots de cigarettes comme l’enfer est pavé de bonnes intentions… Il y a des corrections dans l'histoire de l'humanité, des réajustements à faire. Il faut les entreprendre sans tarder. Il est plus facile bien sûr d’accuser les abominables spéculateurs alors que la spéculation est le principe même qui dirige notre société. Tout le monde spécule, le citoyen lambda qui achète une petite villa dans un lotissement lointain avec une construction de piètre qualité en se saignant le fait parce qu'il pense qu'il va gagner sur la revente sinon il se contenterait d'être locataire en centre ville près de son job. La société est en grande partie construite sur la spéculation, c'est le moteur qui, jusque là, a mené le monde. Le nier serait une escroquerie intellectuelle.

- Çà y est, en voilà encore un qui exprime sa hargne à la radio ! C’est la faute aux riches qui ne contribuent pas assez à la solidarité nationale.

Soit dit en passant, les riches gèrent généralement mieux leur patrimoine que l'État (sinon, ils ne seraient plus riches, CQFD !). Confucius disait déjà il y a fort longtemps « Lorsque les gros maigrissent, les maigres meurent ! ». Un sage dicton qui n'a pas cours en France. On préfère chez nous la rengaine de la jalousie sociale. Alors la « Règle d'or », nouveau concept sorti de la boîte à Pandore du premier ministre, c'est bien certes mais il fallait y penser avant. Ça ne fera pas entrer d'argent dans les caisses vides. « Règle d'or », le nom est-il bien choisi ? N’est-ce pas tout simplement une autre façon de vanter les mérites d’une gestion des finances en bon père de famille ? La sagesse populaire en fait une vertu mais lorsqu’il s’agit de l’appliquer à la gestion de l’État, c’est une autre histoire…

À l'approche des prochaines échéances électorales nos grands hommes politiques ne devraient-ils pas méditer sur cette maxime de la Rochefoucauld « Ce n'est pas assez d'avoir de grandes qualités : il faut en avoir l'économie ! ».

Gérard Charlier de Vrainville