Nucléaire : l’Ian à contre courant...

Catégorie Les paradoxales

Alors que beaucoup de pays se posent sérieusement la question sur la fiabilité du nucléaire en terme de sécurité et de coût, d’autres États continuent à miser sur le nucléaire militaire.

Le tsunami japonais remet en cause les programmes nucléaires de pays comme l’Allemagne, l’Italie et en fait réfléchir bien d’autres. Pas la France qui a tellement misé dessus qu’elle se sent incapable de freiner, encore moins de stopper, tant les conséquences à court et moyen terme seraient catastrophiques pour son économie et même pour la paix sociale.

Il y a des pays qui ne se posent pas la question. C’est en avant toute ! Le nucléaire, militaire surtout, c’est pour eux la meilleure façon de jouer dans la cour des grands, la meilleure façon d’imposer le respect, la meilleure façon de faire peur à son voisin. Le général De Gaulle parlait, lui, de politique de dissuasion… Les choses n’ont guère changées depuis en ce domaine sinon que l’énergie électrique issue des centrales atomiques a donné une bonne excuse à des pays pour développer des programmes qui ne sont pas sans arrières pensées. On peut citer la Corée du Nord et le Pakistan mais l’exemple le plus préoccupant semble être celui de l’Iran.

Le site Réalité-Eu diffuse des informations peu rassurantes. Pour son rédacteur, Bruno Tertrais, il ne fait aucun doute qu’« avec l'uranium enrichi à 20%, l'Iran se rapproche à grands pas du seuil militaire ». Est-il utile d’ajouter que cette affirmation portée à la connaissance du public, est connue de tous les spécialistes qui renseignent nos démocraties ?

L’expert dénombre pour nous les raisons de ces inquiétudes : l’augmentation du nombre de centrifugeuses, le fait que le stock d'uranium légèrement enrichi de Téhéran lui permettrait de construire deux bombes atomiques s'il était davantage enrichi, l’éventualité d'autres sites d'enrichissement secrets…

Ainsi, Yukiya Amano, le chef de l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique, l’AIEA, déclarait récemment qu'il avait reçu d'autres preuves des aspirations militaires du projet nucléaire iranien. Défiant ces accusations, l’Iran a affirmé l'autre jour sa volonté de faire passer sa production d'uranium de qualité supérieure dans un bunker souterrain et d’en tripler la production.

Même si Mahmoud Ahmadinejad prétend que ses intentions sont purement pacifiques, il continue à rejeter l'application du protocole additionnel de l'AIEA, qui permettrait des contrôles plus poussés, ainsi qu’une disposition légale qui obligerait Téhéran à déclarer de nouvelles usines nucléaires bien à l'avance (ce que tous les pays font). Simultanément à son programme nucléaire, l'Iran développe des missiles balistiques qui pourraient potentiellement être utilisés pour livrer des armes nucléaires qui pourraient atteindre l'Arabie Saoudite et Israël.

Sommée de rendre des comptes, l'Iran a déjà rejeté le dernier rapport de l'AIEA en disant qu'il est fondé sur de faux documents. Pourtant, toutes les preuves produites par les inspections et les services de renseignements pointent du doigt la dimension militaire du programme nucléaire iranien. La communauté internationale a-t-elle vraiment la volonté de sanctionner l’Iran ? En a-t-elle les moyens ?

Pour le Dr. Bruno Tertrais, chercheur à la Fondation pour la Recherche Stratégique, le timing n’apparaît pas comme très favorable à un tel durcissement. « Il serait très difficile en ce moment même pour le Conseil de sécurité d'adopter de nouvelles résolutions de sanctions, en particulier parce que le cas syrien va certainement être saisi par le Conseil. Mais le plus important, c'est l'application réelle des sanctions déjà existantes. Par ailleurs, les États-Unis et l'Europe peuvent également renforcer les sanctions de leur propre chef. Des sanctions soit disant unilatérales se sont avérées plus efficaces que celles des Nations unies. »

À l’heure où la planète souffre et où les voyants sont passés à ‘orange quant à sa capacité d’un développement durable, ces rapports de force entre États, entre religions et religieux, semblent si dérisoires. Le compte à rebours a commencé, les uns ont le nez dans le guidon, les autres rêvent d’une escapade définitive dans le cosmos, les milliards d’individus qui luttent pour leur survie, leur pouvoir d’achat, leur prospérité, leur capacité à consommer toujours plus, ne voient rien venir. Que faire ?

A.D.