Cantonales : notre démocratie ne sort pas grandie de ce premier tour.

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À qui la faute, aux électeurs ou aux partis composés d’hommes et de femmes à l’ego démesuré ?

  • Grands vainqueurs, les abstentionnistes qui envoient un message par absence interposée. Qui veut leur lancer la première pierre alors qu’ici et là des hommes et des femmes se battent et meurent pour obtenir le simple droit de voter en toute liberté ? Beaucoup l’avaient prédit pourtant, le fossé se creuse entre les hommes au pouvoir et le bon peuple qui les observe avec un sentiment d’impuissance et parfois d’écœurement Les Français en ont marre qu’on leur fasse prendre des vessies pour des lanternes. À quoi bon aller voter si les promesses ne sont pas tenues, si les politiques, lorsqu’ils sont aux affaires, se conduisent de façon irresponsable, s’ils n’assument pas leurs erreurs et les échecs auxquels ont conduit leurs choix, s’il n’y a jamais de sanction ni de contrôle durant leurs mandats ?
  • Même s’il convient de relativiser le taux impressionnant d’abstentionnistes, à peine plus élevé que d’habitude, il est riche d’enseignements tant au plan national que local. Les Cantonales n’ont jamais beaucoup intéressé. Par manque de pédagogie sans doute (bien que des sommes considérables aient été investies en frais de communication, sommes qui ont fait le bonheur des médias… les plus complaisants à leur égard, les plus aux ordres), les Français ont toujours boudé ce scrutin lorsqu’il n’était pas associé à une élection régionale ou municipale. Mais, tout ça n’aura plus beaucoup d’importance, sachant qu’à partir de 2014, tous les conseillers élus auront une sorte de double casquette, défendant à la fois le département et la région. Ces nouveaux conseillers territoriaux feront-ils mieux, seront-ils plus performants, cette néo centralisation conduira-t-elle à enfin faire réaliser des économies d’échelle ? De l’eau passera encore sous les ponts avant de le savoir…
  • Marine Le Pen brûlera-t-elle la politesse à Nicolas Sarkozy en le forçant à regarder les résultats du second tour des… présidentielles en spectateur et non pas en acteur ? Les résultats de ces cantonales nous donnent un début de réponse. Le scénario catastrophe, du moins pour l’UMP et pour un Centre qui devra alors se tourner vers la gauche et mendier quelques maroquins de complaisance pour exister, en espérant qu’elle ait la bonne idée de pratiquer elle aussi une politique d’ouverture…, est en train de se mettre en place. Même si le second tour des cantonales ne place sur orbite qu’un tout petit nombre de candidats FN, le mal est fait. Les médias l’ont bien compris qui depuis quelques semaines accompagnent le changement d’attitude du corps électoral vis-à-vis de la fille de Jean-Marie avec un évident empressement. La roue tourne et les maudits d’hier seront demain jugés - à l’aune de leurs résultats électoraux - brusquement fréquentables. Hypocrisie quand tu nous tiens !
  • L’UMP ne sait plus comment se tenir la tête car elle l’a perdue (la tête). Coincée par les déclarations des uns, du style : quoiqu’il arrive, pas d’alliance avec le FN, elle se retrouve à devoir se battre contre ce dernier, voire à arbitrer (à travers des consignes de vote), un face à face PS / FN. Une certaine logique de discours devrait la conduire à accepter la notion de front républicain pour faire échec à Marine. Elle ne peut, si l’on en croit les déclarations de Jean-François Copé, s’y résoudre comme dut se résoudre la gauche lorsqu’elle eut à faire élire un Jacques Chirac pourtant au bout du rouleau lors d’un deuxième tour qui avait sonné le glas d’un Lionel Jospin pourtant promis, lui, à un bel avenir présidentiel… Mais l’électorat UMP ne devrait-il pas se réjouir, pour une fois libre de voter comme bon lui semble ? Un peu de liberté… d’expression, c’est toujours bon à prendre !
  • Dans le laboratoire des Alpes-Maritimes, on compte les voix. Malgré l’absence de leaders locaux, le constat est accablant pour l’UMP, le Front relève la tête et menace la toute puissance du parti présidentiel dans le département et du couple Christian Estrosi/Éric Ciotti. Le Monde titrait : l’UMP résiste bien, tandis que Nice-Matin constatait : le FN disputera 14 duels dans le département (12 face à l’UMP et deux face à la gauche).
  • Le père Mitterrand doit se tordre de rire dans sa tombe, lui qui avait mis sur orbite un Front qui valait moins de 5 % à son arrivée au pouvoir jusqu’à atteindre les 20 % lors de certaines élections. Son… pouvoir de nuisance continue à hanter la Droite française qui, sans cette astucieuse et coupable stratégie, serait largement en tête. La Droite, toujours prise au piège mitterrandien, est décidément toujours la Droite la plus bête du monde !