Cannes : l'emblématique « Félix » retrouve ses marques

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et renoue avec un passé glamour...

Au milieu des années cinquante, le bassin cannois hébergeait quelques adresses de restaurants réputés dans le monde entier. Il y avait « Da Boutau » dans le Suquet, « Le Blue Bar » et « Félix » sur La Croisette, « La Vignette Haute » à Auribeau, « L’Auberge du Père Pascal » à Théoule… Les deux premiers ont disparu, la « Vignette Haute » créée par des cinéastes Russes a été rachetée par un financier… russe, « L’Auberge du Père Pascal » trouve un second souffle depuis que Jilali Berrekama en a fait l’acquisition l’année dernière, pour la rebaptiser « Jilali B ». Et puis, il y a « Félix » qui revit en beauté.

Le créateur de cet établissement s’appelait Félix Cenci, un Italien charismatique qui charmait la clientèle en chantant, d’une fort belle voix d’ailleurs, « Douce France, cher pays de mon enfance » avec un accent italien à couper au couteau. Lieu privilégié aussi bien des cannois que des célébrités du monde entier, ses heures de gloire ont duré quelques décennies. Ces dernières années, de repreneur en repreneur, l’établissement a eu du mal à se repositionner parmi les meilleurs. Il semblerait qu’aujourd’hui, c’est chose faite.__

Il y a juste deux ans, un promoteur immobilier cannois, Yann Anciaux, en fait l’acquisition. Il refait la décoration qui s’inscrit dans la modernité et dans une élégance raffinée. La salle du restaurant, avec sa vue imprenable sur La Croisette, est blanche, lumineuse et cependant intime, grâce aux tables espacées qui créent une ambiance très « cosy ». Dès l’arrivée des beaux jours, la terrasse mitoyenne qui accueille dans un cadre très contemporain, avec banquettes et fauteuils crème ornés de coussins colorés, tables laquées blanches, se transforme en véranda l’hiver.

Le nouveau propriétaire a confié avec bonheur les rênes du restaurant à trois vrais professionnels. Jean-Philippe Vanthield, le directeur, venu du Métropole à Monaco, David Hufshmid, le Maître d’Hôtel, descendu de la Bastide Saint Antoine grassoise et le jeune et talentueux chef, Nicolas Rondelli. Ce Niçois, qui a fait l’école hôtelière de Nice, a tout de suite fait partie des espoirs de sa génération. Sa première place important était au Chanteclerc, où œuvrait alors le grand Michel del Burgo. Ce dernier a pris Nicolas Rondelli sous sa coupe. De lui, le jeune chef a appris la rigueur dans le travail, la recherche des produits de qualité ainsi que la justesse des cuissons. Son autre mentor a été Olivier Brûlard, à la Réserve de Beaulieu, MOF, qui l’a perfectionné dans la technique et la créativité.

 

Le résultat est probant. Inspiré essentiellement par les produits méditerranéens, Nicolas Rondelli adapte ses cartes aux saisons. Il propose entre autres, en entrées, le foie gras chaud poché dans un bouillon Thaï puis laqué au vinaigre balsamique, artichauts fondants à 23 € (très réussi) ou le risotto à l’encre de seiche et langoustines à la plancha, copeaux de légumes et jus de têtes émulsionné à 25 € (délicieux). Parmi les poissons, saluons le cabillaud à la plancha servi sur une fondue de fenouil à l’aneth et panisses croustillants (dans la formule déjeuner), ou les délicates coquilles Saint Jacques rôties puis gratinées au beurre de truffe sur une purée de panais (42 €). Si les noisettes de biche au lard fumé et truffes accompagnées de leur polenta aux mendiants et le ris de veau doré au beurre demi-sel sur des salsifis gratinés, accompagné de champignons et râpée de truffe noire ont quitté la carte d’hiver, place à l’agneau de lait des Pyrénées en déclinaison, légumes primeurs à la façon d’un navarin (42 €), ou le râble de lapin rôti au sautoir, écrevisses à la plancha, polenta crémeuse aux asperges et morilles ( 38 €) qui sont un vrai régal.

Le Chef pâtissier, Alain Galliano, décline ses douceurs autour du chocolat avec son fameux « cube » after eight façon Félix (9 €) ou des fruits avec la mangue et l’ananas poêlés, sorbet khlamansi et mangue (12 €). Midi et soir deux menus sont proposés « Croisette » en trois plats à 55 € et « Félix » en cinq plats à 80 €. Le soir, le « Menu Découverte » à 100 € offre une dégustation en sept services des plats les plus représentatifs de la carte. Les formules de midi sont très attractives avec plat du jour à 19 € tel que la brandade de cabillaud, et entrée (comme les nems de homard) + plat ou plat + dessert à 26 €, et en trois plats à 32 €. Un forfait boisson : ½ bouteille d’eau, un verre de vin et un café est proposé à 8 €, le vin au verre à 6 €. La carte des vins est variée, avec de grandes appellations et des petits producteurs régionaux. On se demande pourquoi « Félix » est le grand oublié du Michelin, alors que tout est en place pour l’étoile ?