Philippe Tabarot planche sur les solidarités entre les générations...

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Puni d’avoir rejoint trop ostensiblement le camp de Jean-François Copé, le conseiller municipal de Cannes, Philippe Tabarot, fut privé par les sarkozistes inconditionnels des Alpes-Maritimes, pour lesquels ce ralliement représentait une sorte de trahison, de la reconduction de sa vice-présidence au Conseil général. Qu’à cela ne tienne, le secrétaire-général de l’UMP (poste ambitionné un instant par Christian Estrosi), Jean-François Copé, le faisait entrer dans l’équipe dirigeante en lui confiant la responsabilité de Secrétaire National de l’UMP en charge des solidarités intergénérationnelles.

Un poste mais avant tout une fonction avec la tâche immédiate de préparer un rapport sur ce sujet de société particulièrement d’actualité. Un rapport et aussi des propositions… constructives. Comme l’a découvert Philippe Tabarot : travailler les solidarités intergénérationnelles, c’est s’intéresser en tout premier lieu à l’humain.

Le rapport remis il y a quelques semaines au ministre Bruno Le Maire, propose de sortir du champ classique, d’étudier et développer au quotidien les formes de solidarités intergénérationnelles qui ne relèvent pas uniquement des solidarités publiques. Elles doivent s’exercer dans la plupart des domaines, à l’école tout aussi bien que dans le cadre de l’entreprise, dans le champ privé et aussi dans l’éducation, l’urbanisme, le logement, l’emploi, les loisirs, l’accompagnement des personnes, la transmission des savoirs, en direction d’enfants, de jeunes, de moins jeunes… Cela implique un changement de mentalité qui doit être encouragé, soutenu par des mesures incitatives et beaucoup de pédagogie, l’école étant un des lieux privilégiés pour faire passer ses messages, les réseaux associatifs en constituant un autre, la famille constituant la pierre angulaire autour de laquelle tout s'organise.

Le rapport - un travail collectif comme le souligne Philippe Tabarot - est très riche et va très loin dans les raisons qui nous ont conduits à ce moment clef de notre histoire. Il dresse un état des lieux et énumère des pistes de travail.

Sur la situation que la France vit actuellement, l’auteur du rapport souligne que, si beaucoup de pays envient ce modèle français, celui-ci est menacé parce que son financement n’est plus assuré. Les soins de santé coûtent plus chers, la durée de vie a augmenté entrainant un nombre de plus en plus important d’ainés dont beaucoup, en fin de vie, devront être pris en charge à 100% (actuellement 1,5 million de Français ont plus de 85 ans). Tout cela nécessite de nouveaux moyens, de nouvelles stratégies, constatent le Conseiller général de Cannes. La solidarité intergénérationnelle semble être tout simplement une nécessité dans un contexte où l’État-providence a atteint ses limites. En effet, si les besoins sociaux sont en augmentation constante, le financement de la protection sociale est rendu de plus en plus difficile, en raison du ralentissement de la croissance.

En guise de conclusion, Philippe Tabarot suggère quelques pistes qui méritent d’être pour le moins étudiées, amendées, débattues. Comme par exemple le souci de mettre en réseau des lieux et des acteurs pour un développement social local en généralisant l’expérience des « villages intergénérations » où dans un même espace, se côtoient petits et grands. Une résidence pour personnes âgées est ainsi associée à une maison de l’enfance et à des unités de vie pour personnes désorientées ou handicapées vieillissantes. Développer le mentorat en permettant à un jeune de bénéficier de l’accompagnement d’un adulte dans sa vie professionnelle ; donner plus d’ampleur encore à « la Semaine bleue » en initiant des rencontres entre voisins pour lutter contre la solitude ; généraliser l’aide aux devoirs ou encore les animations dans les bibliothèques, les ludothèques, par les jeunes retraités en quête d’activités, apparaissent comme des pistes solides et pas très difficiles à mettre en place.

Une liste de petites et de grandes idées qui ont toutes pour but de rendre possible la cohabitation apaisée des jeunes et des ainés, de donner ou redonner le goût de vivre ensemble, pour le meilleur plutôt que pour le pire…