Le Château Mentone : le bonheur absolu au cœur du haut pays varois...

Crédits:
textes par

Manifestement, le terroir de Saint-Antonin du Var est excellent : plusieurs grands domaines viticoles y ont élu domicile. Proche d’Entrecasteaux, la belle propriété du Château Mentone s’étend sur 170 hectares (dont 27 en vignoble) vallonnés, complantés de chênes verts et dotée, en plus du vignoble, d’une belle oliveraie.

Comme la plupart des vignobles provençaux, à l’origine, il y a une source. Le Château Mentone ancre son histoire dans celle de la Provence. Ses origines confirmées datent de 1033, quand les Seigneurs d’Entrecasteaux font don au clergé de la propriété. C’est en 1840 que le domaine prend son envol, grâce à Charles Gasquet, qui édifie la plupart des bâtiments actuels et fonde la première ferme-école du Var. Ses successeurs entérinent cet élan, jusqu’à l’arrivée de la propriétaire actuelle, Marie-Pierre Caille. Ses origines bourguignonnes lui avait donné le goût du vin, mais sa formation dans l’événementiel à Lyon ne la destinait pas à ce nouveau rôle de vigneronne. En 2003, à la recherche d’un havre dans le Sud de la France, Marie a un coup de foudre pour le Château Mentone et remet sa vie en question : exit tailleurs, stilettos, petits fours et champagne, avec son compagnon Cyrille, au lieu d’en faire une résidence secondaire, ils s’attellent à la réhabilitation de ce vieux domaine, à l’époque en bien mauvais état.

La priorité est toujours le vin : la cave d’alors, superbe « cathédrale » du milieu du XIXème siècle est convertie en caveau de dégustation. Les murs ayant souffert, ils les renforcent en construisant le seul nouveau bâtiment de la propriété accolé au caveau pour le soutenir, et qui devient la cave proprement dite, dédiée à la vinification.

Heureusement, le vignoble comptait encore suffisamment de vieilles vignes, dont notamment les fameux Carignan provençaux (âgés de 70 ans). Grâce aux conseils avisés d’un œnologue, ils décident d’en garder une grande partie et procède à l’arrachage et à la replantation d’autres cépages. La reconstruction du vignoble sera terminée d’ici deux ou trois ans, quand les 29 hectares initiaux seront tous en exploitation. La production actuelle, en bio dynamique, est petite, mais excellente. Les vins de Mentone sont d’ailleurs primés chaque année. Avec une petite gamme de trois cuvées en appellation Côtes de Provence.

Le Blanc (Rolle et Clairette) dont la jolie robe jaune or, brillante s’associe à un bouquet de fleurs blanches et de fruits acidulés. Avec une franche attaque en bouche et une belle longueur, ce vin est à déguster aussi bien à l’apéritif qu’avec des poissons en sauce, des magrets de canards, des viandes blanches et des fromages bleus et de chèvre. A conserver entre 18 et 24 mois (10 €).

Le Rosé (Grenache, Carignan et Rolle), dont la robe est pâle et brillante, couleur pétale de rose. En bouche, il dégage un bel équilibre entre fleurs blanches et fruits rouges, complexe, avec une longue finale ensoleillée (8 €) et s’allie à la cuisine méditerranéenne.

La Cuvée Excellence Rouge, née en 2005, est issue des vieux Carignan, de Syrah et de Grenache, avec un élevage en foudre de chêne pendant 24 mois et 12 mois supplémentaires en bouteilles. Il dégage toute l’expression du Carignan, avec une robe pourpre, des arômes concentrés aux notes de cassis et de mûres alliées au cacao (14 €). Avec ses bons tanins fondus, il se marie à la perfection avec le gibier, les viandes en sauce telles que la daube provençale et la gardianne de taureau.

Dès son arrivée, la pétulante Marie-Pierre Caille, s’est également consacrée à l’œnotourisme, qui n’était pas encore d’actualité il y a huit ans. Dans Le Château, jolie bastide provençale du XIXème siècle, elle s’installe au deuxième étage et destine le premier étage aux chambres d’hôtes et le rez-de-chaussée à la cuisine, au bar et à la salle à manger. Au sous-sol, elle installe même un spa. La bâtisse garde toute son authenticité, avec les tomettes anciennes et les meubles provençaux. Chacune des cinq chambres (de 120 à 140 € pour deux personnes) est spacieuse et décorée avec un goût très sûr, dans le « pur jus » de l’époque, agrémenté de tout le confort moderne. Une piscine et un tennis viennent compléter les prestations. Une table d’hôtes dont les fourneaux ont été confiés à une cuisinière… provençale à domicile, est ouverte les jeudis, vendredi et samedis soirs (30 € vins compris). Pour le déjeuner, des « paniers pique nique » sont proposés aux résidents, à déguster autour de la piscine ou dans la nature.

Amoureuse de la région et de son patrimoine, la jeune femme s’est équipée d’un potager, a rénové le verger, a créé un poulailler et engagé une chevrière. La plupart des fruits et légumes bios viennent de la propriété, ainsi que les œufs (elle refuse de manger ses poules !) et les fromages de chèvre.

Un vieux moulin à huile, judicieusement baptisé Le Moulin, a ainsi été réaménagé en gîte, avec six chambres (5 épis) pouvant accueillir quinze personnes. Une vaste pièce à vivre avec cuisine équipée, salle à manger et salon cheminée, une piscine privée et une cuisine d’été avec plancha sont la promesse de passer des moments d’exception en famille ou entre amis (à partir de 3 700 € la semaine).

Au printemps dernier un autre corps de bâtiment, Le Sévigné, a été restauré pour accueillir une gîte (2 épis) de trois suites (40 à 50 m2), essentiellement destinées aux familles avec de jeunes enfants qui y trouvent tout l’équipement nécessaire (à partir de 700 € la semaine). Enfin, pour le printemps prochain, la dernière tranche de travaux devrait être terminée, avec l’aménagement d’un lodge en bois avec trois appartements pouvant accueillir quatre à cinq personnes. Il sera construit selon les normes BBC (Bâtiment Basse Consommation).

Les 5 000 m2 de bâtiments sont chauffés soit au bois, soit par panneaux solaires. Au total, ce sont 45 personnes qui peuvent vivre dans ce lieu labellisé « Accueil à la Ferme » et agréé par Demeter. Enfin, pour les réceptions et les séminaires, au premier étage au-dessus du caveau, La Magnanerie a été reconvertie avec une salle de 250 m2 donnant sur une terrasse couverte de 135 m2, ainsi qu’une tonnelle mitoyenne de 270 m2 et l’ancienne Chapelle Saint Lambert qui peut accueillir 30 personnes.

Si le domaine vinicole et son caveau de vente sont ouverts toute l’année, les hébergements, eux, sont fermés du 1er novembre au 1er mai. Cependant, il vaut mieux prendre ses précautions et déjà envisager les réservations car de nombreux habitués, amoureux de ce havre de paix, reviennent tous les ans.

  • Château Menton – 401 Chemin de Mentone – 83510 – Saint Antonin du Var – Tel : 04 94 04 42 00

Brigitte Brunot