Cannes : un demi siècle de danse...

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L’école de danse de Rosella Hightower prépare son cinquantenaire et consolide son partenariat historique avec Cannes, Mougins, le Conseil général des Alpes-Maritimes et le Palm Beach Casino...

Au début des années 60, Rosella Hightower, danseuse étoile d’origine américaine s'installe à Cannes, avec un projet ambitieux, créer une école qui soit la référence à l’international. Elle la veut multiculturelle et orientée entre autres, vers le professionnalisme et la création.

Ainsi né, quelques mois plus tard, le « Centre de Danse International Rosella Hightower ». Sa renommée, son talent, son sérieux, sont des gages d’une réussite qui est au rendez-vous. En venant s’entraîner ou enseigner, les Serge Lifar, Rudolf Noureev ou encore Maurice Béjart lui apportent une visibilité et une caution qui fait boule de neige. Tout le monde à Cannes connaît son école et la fréquente et les candidats ne tardent pas à se presser venus du monde entier, pour faire leurs études chez elle.

Les décennies passent et Rosella reste debout, droite dans ses… chaussons, sorte de capitaine au long cours… À son œil d’aigle, rien n’échappe. Elle quitte définitivement la scène, en 2008, à l’âge de 88 ans. Mais son nom a toutes les chances d’être encore dans la bouche de générations de danseurs qui fréquenteront son école cannoise. Car, il faut le dire, dans l’esprit de Rosella, le choix de Cannes n’était pas innocent. Le nom de cette ville est connu sur les cinq continents, essentiellement grâce au Festival du film. Il fait rêver les midinettes et attire comme un aimant. En associant Cannes à son nom, elle sait ce qu’elle fait. C’est donc un peu un accident de parcours si, l’école dut déménager sur la commune voisine de Mougins, en 2001. Il n’est pas dit, selon les dires d’Éric Harson, l’adjoint à la Culture de la ville de Cannes, qu’elle ne retrouve pas ses quartiers cannois, un jour ou l’autre. En attendant, elle semble se trouver bien là où elle se trouve et cumule les subventions dont elle aurait du mal à se passer. Ainsi la ville de Mougins et le Conseil général des Alpes-Maritimes contribuent aussi au bon fonctionnement de la structure et complétent l'apport cannois.

Jusque-là personne ne semble perdant, surtout depuis que l’école a passé la vitesse supérieure dans les domaines de l’enseignement. La présence depuis le début 2009, de Paola Cantalupo, n’est probablement pas étrangère au soulignement de cette orientation. Son projet pour l’école avait séduit le conseil d’administration présidé par Jean Zieger, ancien directeur d’Alcatel. Il inclut une ouverture vers les Ballets de Monte-Carlo, le Conservatoire, les Ballets de Nice et l’Université ainsi que sur des écoles étrangères de hauts niveaux.

L’action pédagogique vers les enfants des écoles cannoises et mouginoises nous semble être parmi les innovations les plus pertinentes. En effet, l’approche de la danse classique ou moderne n’est pas évidente. Pour beaucoup, les chorégraphies qu’ils peuvent voir, par exemple sur Arte, ont un côté hermétique. Ils n’en connaissent pas les codes et ont donc tendance à zapper. La plupart du temps il faut pour les comprendre une initiation comme il le faut aussi pour la musique classique. Ce goût s’acquiert le plus souvent au sein du milieu familial. Cette fois-ci, c’est la Danse qui va au devant des enfants et les met en situation. Pendant 2 mois, une équipe pédagogique très motivée, composée d’Eliezer DiBritto, Dominique Larin, Cyprien Emanuelli , Elodie Auger et Sandy Nectoux, est allée dans huit établissements scolaires et ont travaillé avec 180 jeunes de 6 à 16 ans. L’objectif n’est pas d’en faire forcément des danseurs mais tous ceux qui auront vécu l’expérience, qui auront marché, couru, tourné, sauté, tombé, exploré leru corps et l'espace, se faisant exprimé et ressenti des émotions, ne verront plus la danse et les danseurs de la même façon. Ils seront alors, au minimum, des spectateurs avertis, capables d’apprécier un spectacle et de faire passer le message, ne serait-ce que plus tard à leurs enfants…

Certains rejoindront peut-être les élèves qui visent un diplôme national supérieur. L’école de Rosella est depuis deux ans, habilitée à les délivrer en complémentarité avec l’Université de Nice qui dispense, elle, la théorie. La durée de la formation est de 3 ans avec l’acquisition de 180 crédits universitaires reconnus en Europe. Les autres formations enseignées autorisent les élèves à envisager une carrière de danseur, de chorégraphe et éventuellement de professeur. Ils peuvent pour cela se préparer au Diplôme d’État de professeur de danse. Là encore les résultats obtenus par l’école sont significatifs. De nombreux élèves sont engagés chaque année dans les compagnies de ballets sans compter ceux qui deviennent des chorégraphes reconnus.

Autre partenariat historique, celui avec le Palm Beach Casino. La direction de l’établissement maintenant aux mains du Groupe Partouche, met régulièrement ses salles à disposition, permettant d’organiser des spectacles. Ainsi, le 23 octobre dernier, eut lieu une représentation du « Cannes Jeune Ballet ». Animée par Sonia Schoonejans, cette soirée permis aux jeunes danseurs de l’école de s’exprimer. À noter, la reprise ce soir-là d’une pièce de Jean-Christophe Maillot, ancien élève de l’école cannoise et directeur chorégraphe des Ballets de Monte-Carlo.

  • sur la terrasse du Masque de fer, au Palm Beach, le président de l'école, Jean Zieger, entouré de sa directrice Paola Cantalupo, de son directeur administratif Pierre Marie Quéré et de l'adjoint à la Culture de la ville, Éric Harson (à gauche) -

Le président de l’ESDC Rosella Hightower, Jean Zieger, la directrice artistique et pédagogique, Paola Cantalupo, le responsable administratif , Pierre Marie Quéré, accompagné par l’adjoint à la Culture de la ville de Cannes, Éric Harson, avaient réuni la presse pour évoquer les temps forts qui ponctueront l’année 2011, année officielle du Cinquantenaire. Ainsi sera créé l’Association des Amis de l’école ; l’édition d’un livre mémoire des cinquante années passées (actuellement en souscription) ; l’organisation des 4ème Rencontres Internationales de Junior Ballets, du 2 au 4 mars 2011, au Théâtre de la Licorne ; le spectacle annuel de l’ESDC, les 23 et 24 avril, au Palais des Festivals… Le gala du Cinquantenaire aura lieu le 25 avril au Théâtre Debussy. Il s’annonce grandiose, avec la création chorégraphique de Davide Bombana pour le Cannes Jeune Ballet et de la reprise de la pièce de Jean-Christophe Maillot « Opus 40 ». L’occasion unique de réunir sur scène chorégraphes et danseurs venus du monde entier rendre hommage à leur école. Ils seront accompagnés par l’Orchestre régional de Cannes PACA sous la direction de Philippe Bender. Talent, surprises et émotion garantie !