Pony Pony Run Run : la course folle de la pop électro française

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Catégorie Les Arts au soleil

Un groupe énigmatique qui s’exporte et tourne dans l’hexagone…:

Le mythique magazine britannique « The Times » l’avait assuré en 2007 en l’affichant à sa Une : la culture Française est morte. Ses affirmations avaient ébranlé l’hexagone et une bonne partie de ses médias, le Figaro en tête.

La programmation et l’intérêt pour le Salon du Livre francophone de Beyrouth en 2009 auquel participaient des auteurs médiatisés tels que PPDA, Charles Dantzig, Eric-Emmanuel Schmitt ou Gilles Leroy, Prix Goncourt 2007, laissaient croire, cependant, que la malédiction française avait pris fin.

En plein débat sur l’identité nationale et à l’époque de la mondialisation, le rayonnement planétaire de la culture française n’est-il pas devenu un atout incontournable ?

En marge de son impertinent « Petit Journal » de Canal +, le journaliste très en vue Yann Barthès notait également, dans les pages des « Inrockuptibles », la place de choix que quelques artistes français s’étaient forgée dans le paysage culturel international comme la bretonne révélée par My Space, « Yelle » ou l’actrice oscarisée et depuis courtisée par le tout Hollywood, « Marion Cotillard » et encore les groupes électro, « Air » et « Phœnix ». Ces derniers, pères de la « french touch » ont ouvert la voie internationale à d’autres jeunes artistes électro français tels que Justice, SebastiAn, Yuksek et … Pony Pony Run Run.

« Pony Pony Run Run », voilà un nom bien étrange qui a envahi les ondes hertziennes estivales avec le single dansant « Hey You ! » puis les chaînes musicales avec l’ingénieux clip de « Walking on a Line ». Mais qui se cache dernière cette appellation énigmatique que les plus branchés abrègent en PPRR ? … Un groupe de 3 Angevins venus en novembre au Théâtre Lino Ventura de Nice pour un des concerts les plus acclamés de l’année 2009…

Ce soir là, un air vif et saisissant descend sur le Paillon jusqu’à faire endosser manteaux et petites laines aux vieux adolescents et jeunes adultes venus si nombreux et ayant obéi ainsi au titre injonctif de l’album « You Need Pony Pony Run Run ». La salle affiche complet et la foule prend vite possession du lieu en applaudissant et hurlant à l’annonce du programme de la soirée.

Comme l’association Panda 06, organisateur de ce petit festival d’un soir, le clame, alors : « Apparemment ça va être chaud ! » Le résultat a sans doute dépassé les espérances de beaucoup ! Chauffée par le groupe local « Bliss » aux faux airs de Joy Division et Babyshambles, la salle est déjà prête pour la tête d’affiche et la première partie nationale. Et quelle première partie ! Dès la première note, le public est soufflé, l’ambiance électrisée.


- Neïmo - photo Jane Dœ -

Le quatuor Neïmo au look parisien soigné n’a pas attendu « Johnny Five » déjà connu par la radio pour déchaîner la foule et l’attirer près de la scène. Il est vrai que le groupe donne assez de sa personne, dansant, sautant ou se jetant à terre pour faire tressaillir le public. Le déshabillage du chanteur, mannequin remarqué par Karl Lagarfeld, suivi de son batteur ne doit pas être totalement étranger aux cris des jeunes fans en délire. Le spectacle n’était-il que visuel ? Nullement, la musique pouvait rivaliser avec les plus grands : « Snow Patrol », « Arctic Monkeys » et même « The Strokes » étaient présents dans leurs accords électriques ou dans la façon de chanter de leur leader, Bruno Dalessandro. Conscient de cette alchimie, le chanteur part au cœur de la salle pour entonner « Control », single de l’album successeur de « Moderne Incidental » mais également lâcher au public conquis : « Vous êtes plus en forme, meilleurs qu’à Paris ! »

Quand les musiciens quittent la scène, le silence des spectateurs n’est entrecoupé que par quelques chuchotements, une question reste alors en suspens : « Peut-on mieux faire que ça ? » La barre est, en effet, placée très haut pour les angevins de Pony Pony Run Run. L’univers rock and roll des parisiens est vite remplacé par un décor plus festif et kitch à l’image des 4 boules à facettes géantes faisant office de fond de scène. Le trio, rejoint par un batteur, est devenu quatuor pour agiter les foules sous les faisceaux roses, bleus et rouges comme un soir de club. Les 4 musiciens acclamés, dès leur arrivée, enchaînent les titres entraînants « Girl i know », « Future of the nation »… de façon très professionnelle et presque un peu sage ; l’ouragan « Neïmo » a laissé un tel souvenir sur scène !

En héritant chacun d’une initiale de leur nom obscur, le groupe si mystérieusement absent de leur pochette d’album et de leurs clips, essaie-t-il de prouver son talent d’instrumentistes scéniques ? Antonin Pierre, chevelu musicien derrière ses claviers vintages, et Gaëtan Réchin Lê Ky-Huong, chanteur à lunettes ovales et T-shirt énigmatique « Prand Only Done for you », se relaient au micro dans une énergie palpable. La pression retombe dès lors que ce dernier pose sa guitare en arrière scène pour conseiller à la foule : « Criez, dansez, faites ce que vous voulez ! » Le public est décidemment fort obéissant tout en réclamant, haut et fort, le tube radiophonique « Hey You ! » Le groupe, guère docile et amusé, quitte quelques temps la scène sans avoir joué le « Saint graal musical ». Le public ne se décourage pas et scande en chœur le nom de la chanson. L’attente est de courte durée car les musiciens se pressent l’un après l’autre sur scène. Conscient de ce succès, le chanteur laisse souvent le refrain à la foule, chorale improvisée, l’encourageant : « Vous êtes de très bons chanteurs ! »


-PPRR - photo Jane Dœ -

De Nice en novembre, à la Cigale parisienne, le groupe a fait danser les salles françaises souvent complètes et a reçu un très bon accueil à Beyrouth au B 018 club. Ces salles combles seront-elles comblées par la possible victoire du groupe aux prochaines Victoires de la Musique ? Le groupe est déjà pressenti dans les nominés de la soirée du 7 mars 2010 au Zénith de Paris.

Ceux qui n’auront pas vu les Pony Pony Run Run à Noisiel et à Auxerre, auront l’occasion de le faire en mars car le groupe reviendra se produire dans le Sud, avant de retourner faire le show, à Paris, en juin. Au cas où vous oublieriez toujours d’aller les voir sur scène, les caractères gras gigantesques de leur album vous rappelleront que « you need Pony Pony Run Run » !