Côte d’Azur : les nouveaux princes sont russes…

On les a surnommés les « Novaritchs ».

C'est au Cannes Palace Hôtel, au pied de la Californie et dans le quartier historique des Russes Blancs, que Jean-Jacques Depaulis, journaliste et écrivain, a effectué les premières dédicaces de son dernier livre "Novaritchs, les nouveaux princes de la Côte", publié aux Éditions du Moment.

Hôte de Bernard Georges, Directeur du Palace et de la plage Les Dunes, l'auteur a justifié le choix de ce lieu en expliquant que c'est ici que l'Impératrice Marie Alexandrovna, épouse d'Alexandre II, vint séjourner plusieurs semaines à partir d’octobre 1879, avec ses enfants et en grande suite. Elle occupait alors la Villa "Les Dunes", donnant sur la plage du même nom, qui fut détruite après guerre et remplacée par une suite d’immeubles en bord de Croisette.

Au gré du fil conducteur d'une histoire vécue par Jean-Paul Ostrooumof et sa famille - habitants de Thorenc dans les hauteurs de Grasse, descendants de l’Évêque orthodoxe Grégorie Ostro-Oumof, récemment invités par Vladimir Poutine et le Patriarcat de Moscou à un séjour sur le sol de leurs ancêtres - Jean-Jacques Depaulis met en parallèle les temps anciens et les temps modernes. Ceux où la cour impériale de Saint-Pétersbourg, Tsars, Tsarines, Grands Ducs et Princesses venaient volontiers hiverner de Cannes à Menton dans de sobres et grandioses bâtisses construites spécialement pour eux… et ceux d'une époque contemporaine où les oligarques milliardaires s'émancipant de soixante-dix ans de soviétisme, ont réinvesti les lieux sans trop se soucier des marques du passé, des russes de la diaspora et des valeurs d'antan ? Autres temps, autres mœurs.

En une dizaine d'années la fortune des Novaritchs, aux origines souvent douteuses, a inondé la Côte d'Azur. Au travers de SCI anonymes ils ont acquis les plus belles propriétés du Cap Ferrat, du Cap Martin, du Cap d'Antibes, des hauteurs de Nice et de Cannes-Californie. Quelquefois d'ailleurs, à l'exemple de la célèbre "Villa La Tropicale", avenue de la Tropicale à Cannes (construite au XIXème siècle pour le Prince Lobanov-Rostovsky, Ministre des Affaires étrangères du Tsar Alexandre II), les propriétés des anciens aristocrates russes reviennent entre les mains des nouveaux riches des pays de l'Est.

La crise économique et financière a ralenti de façon considérable le train de vie, hier débordant de fastes, de ces nouveaux Princes de la finance. Mais ils sont toujours là, bien présents, faisant profil bas à la demande de Vladimir Poutine et de Dmitri Medvedev qui semblent décidés à jouer un rôle prépondérant dans une Europe fragilisée, qui n'est plus directement en proie à l'impérialisme américain.

Le Kremlin, jouant la diplomatie tous azimuts, ne se contente plus des oligarques. Il joue la carte des jeunes et de la bourgeoisie qui s’émancipe dans le tourisme européen. Il mise aussi sur la diaspora des émigrés descendants de Russes blancs et sur l'église orthodoxe hors frontières pour développer sa stratégie de séduction de l'opinion publique, nationale et internationale. Et apparemment cela marche fort en dépit des coups de force de Tchétchénie et d’ailleurs.

L’après-crise verra Poutine reprendre les commandes de la Russie et de la CEI. Sa côte de popularité n’a jamais été aussi élevée. Les Jeux Olympiques de Sotchi, sur la mer Noire, en 2014, pourrait bien le consacrer « nouveau Tsar de toutes les Russies » !

  • Les Novaritchs - Jean-Jacques Depaulis - Éditions du Moment
  • lire ici notre article sur l’impact touristique des Russes sur la Côte d’Azur.