Festival de Cannes : Nicolas Hulot n’est pas le bienvenu,

si venir a Cannes est pour lui une punition, qu’il reste chez lui, déclarent les amis du Maire…

Nicolas Hulot non grata pendant le Festival ? Sa petite phrase rapportée lors d’une interview dans le magazine Terra éco : « l’idée de passer deux jours à Cannes est pour moi un cauchemar, mais je vais me faire violence », n’est pas passée inaperçue dans les couloirs de la mairie ni dans les bureaux de la SEMEC.

Une petite phrase qui, détachée de son contexte, a fait bondir David Lisnard, personnage clé de l’équipe Brochand et tout puissant président du Palais des Festivals et de tous les congrès qui s’y déroulent. Pourtant David n’est pas vraiment dupe, premier à dire que « cette phrase doit être relativisée, regardée avec distance et même le sourire », mais l’occasion était trop belle et le preux chevalier, défenseur de l’honneur bafoué de tous les Cannois, y a trouvé-là un terreau propre à la polémique. Pour lui, « Monsieur Ushuaïa » n’est qu’un de ces « people auto médiatisés » et puisque pour lui, venir à Cannes ressemble fort à une corvée, le conseil qu’il lui donne, c’est de ne pas se forcer, lui suggérant plus qu’implicitement de rester chez lui.

On eut pu adopter une autre tactique vis-à-vis de cette personnalité que les Français - sauf des Cannois on le sait désormais - considèrent comme un vrai défenseur de l’environnement planétaire, préoccupé davantage de laisser aux générations futures un environnement susceptible de les supporter que de sa carrière professionnelle. On eut pu par exemple l’inviter à venir découvrir les petits paradis que sont les îles de Lérins, lui parler de la Charte de l’Environnement, du Contrat de Baie… le persuader que la municipalité faisait tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer la qualité de vie de ses habitants.

Mais non, il est plus facile de mettre de l’huile sur le feu que graisser les rouages lorsqu'ils grincent. Le chef d’orchestre a préféré taper sur le pianiste. D’autres musiciens se sont faits un devoir de sonner la charge ou plutôt l’hallali, prêts à la curée. Pour l’un d’eux, « le Hulot est une sorte d'animal salonnard qui ne peut vivre longtemps loin des salons parisianistes… ». Pour un autre, le Hulot est une bête politique, comme si en faire était une insulte à la morale et au sens commun. Ce musicien-là avait oublié fort à propos que le dit Hulot avait maintes fois refusé des postes politiques dont notamment celui émanant d’un chef d’Etat français… avec lequel il copinait. Pour cette autre encore, « il n’est qu’un enfant trop gâté, qui ne supporte plus rien ». Cet autre encore le traîne plus bas que terre, qualifiant les propos de « l’écolo-bobo de Tartuffiens ». Cette présidente d’association l’invite à ne pas venir. Ce responsable de la Culture, en rajoute une couche : sur les marches du Palais, (si vous venez) le tapis sera bien rouge… mais de colère ! Pourquoi pas rouge sang ? Mais, ce n’est pas encore suffisamment explicite, alors il se plait à faire rimer les mots : « plutôt que de faire un Geste pour la Planète, faites un Geste pour Cannes, ne venez pas sur La Croisette ! ».

N’en jetez plus, la cour est pleine ! Il s'en est fallu d'un rien qu'un autre courtisant ne lui balance : casse-toi pauvre con ! Tout ça pour ça, pour une petite phrase, qui, détournée de son contexte, a paru blessante à certains ! Qui croit vraiment que Nicolas ait voulu insulter les Cannois ? Sans doute quelques personnes qui attachent beaucoup d’importance à leur propre personnage…

J’imagine pourtant que l’auteur de la phrase malheureuse voulait simplement indiquer qu’il était plus à l’aise dans les jungles de Bornéo ou du Brésil que dans celle du Palais des Festivals, qu’il était stressé rien qu’à l’idée d’avoir à affronter les producteurs et leurs gros cigares, d’avoir à parader à Canal et devoir sourire à tout porteur d’appareil photo ou de caméra. Je ne suis pas du tout sûr que Nicolas Hulot goûte le vedettariat. Il le supporte comme un outil indispensable pour faire passer ses messages. On le connaît sensible, hypersensible, bien trop sensible pour faire de la politique… politicienne.

Qu'il se rassure, tous les Cannois n'ont pas tous décodé ses paroles de la même manière. S'il vient sur La Croisette, rares seront ceux qui lui tourneront le dos, du moins je veux bien l'espérer car ce serait alors désespérant.

  • autre ville, autre approche. À Mougins, le maire, Richard Galy, est fier d’avoir reçu le Trophée d’or du Défi pour la Terre des collectivités locales, décernée par la Fondation Nicolas Hulot et l’Ademe pour les communes de 5 000 à 50 000 habitants. À Nice, Christian Estrosi a proposé à la même Fondation de créer un pôle d’éducation et de formation au développement durable, sise au Fort de la Revère, sur la Grande Corniche, près d’Eze.
  • pour ceux qui pensent qu’agir pour l’environnement est plus important que polémiquer - mea-culpa, maxi mea-culpa - ils peuvent participer au sondage sur le Climat et l’Energie, en visitant le site de cette fondation dont il a été beaucoup question ici


Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – avril 2009 – magazine fondé en 1959 -
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