Sports : Allons z’enfants de la patrie,

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Catégorie Pieds dans le plat

qu’un sang impur abreuve nos sillons !

Quelques uns, parmi nos politiques s’inquiètent que certains sportifs s'abstiennent de chanter la Marseillaise lors de rencontres internationales. Sur cette absence présumée d’esprit patriotique, sur la notion d’appartenance à une nation et à son histoire chacun est libre de penser ce qui lui… chante. Dans de telles circonstances, rendre obligatoire, comme le veut monsieur Guibal, le député-maire de Menton, l’hymne républicain, n’est pas forcément une bonne idée. Quelles sanctions prendre contre les contrevenants ? L’exclusion de l’équipe de France ? Avant la rencontre ou après ?

Non, laissons plutôt à chacun le choix de chanter ou de ne pas chanter. Laissons le spectateur, qui lui-même possède ou ne possède pas la fibre… patriotique, juger du sens de ce choix. Ne nous dites pas, s’il vous plaît, que ce n’est pas significatif. Comme il est significatif que les joueurs de rugby reprennent, eux, avec force, les paroles du chant patriotique… reprises avec au moins autant de force par le public. Les joueurs de foot français, semblent-ils les seuls à ne pas chanter. Pourquoi semblent-ils effarouchés, timorés à devoir remuer leurs lèvres ? Sont-elles gercées à ce point ? L’absence évidente d’enthousiasme de la part de certains joueurs, ne va-t-elle pas de pair avec les sifflets qui trop souvent se font entendre dans les stades, dès les premières notes de musique jouées ? Je ne connais pas d’autres pays dans le monde qui voient dans de telles occasions leur hymne bafoué… par omission volontaire.

Xavier Garcia, porte-parole du PS dans les Alpes Maritimes, s’inquiète de la suggestion de Jean-Claude Guibal. Si on avait appliqué une telle loi, déclarait-il, des héros du sport français tels Michel Platini, Jean-Pierre Rives, Zinédine Zidane (est-ce un bon exemple, lui qui avait gentiment cédé à la pression d’un imitateur de Jacques Chirac et convaincu ses camarades de mettre la main sur leur cœur lors d’un match international…) et une bonne moitié de leur équipe, auraient été sanctionnés par leur fédération. Et d’ajouter qu’ils avaient plus fait pour la renommée et le prestige de la France que le député-maire de Menton… Il a eu en tous les cas le mérite d’attirer l’attention sur ce sujet et de proposer une solution… provocatrice. Pas plus provocatrice que la raison même de sa provocation.

Quand donc cessera-t-on d’accorder en France et ailleurs autant d’importance aux sportifs, aux chefs cuisiniers et aux stars du showbiz et de l’écran ? Pourquoi autant d’honneurs à des gens qui font bien leur métier et qui gagnent déjà très bien leur vie pour le faire ? Parce que l’argent n’est pas suffisant si l’on n’a pas, avec, les honneurs ? Une petite médaille par-ci, un petit ruban par là et c’est emballé. Récompenser des chercheurs, des inventeurs souvent méconnus dans leur propre pays, forcés parfois de s’expatrier, est bien moins spectaculaire et moins propice à alimenter les pages people de Paris-Match ou de Jour de France… Il est vrai que la plupart gagnent beaucoup moins d’argent et ont beaucoup moins de chances d’arrondir leur fins de mois en apparaissant dans des spots publicitaires à la télévision…

Les deux plus grands sports collectifs français, le football et le rugby, ont-ils deux types de pratiquants, deux types de public, deux types de dirigeants ? Pourtant, dans les gradins, tout le monde « il est Français ! ». Heureusement, les autres sports co ne sont pas encore touchés par ce dilemme : chanter ou ne pas chanter ? Le handballeurs, les hockeyeurs et même les basketteurs portent haut les couleurs du drapeau français, et ne semblent pas gênés du tout qu’on les voit fredonner les paroles de la Marseillaise… on dirait même qu’ils sont fiers de le faire.