Politique : les journalistes et les blogeurs

dérangent plus qu’ils n’arrangent.

Catégorie Pieds dans le plat

Le chef de l’État est le premier à le dire : il n’aime pas les journalistes, ces empêcheurs de tourner en rond, surtout lorsqu’ils ont des velléités d’investiguer… Ce qui n'empêche pas Nicolas Sarkozy – nos politiques ne sont pas à un paradoxe près – de préparer un texte visant à protéger les sources des journalistes. Il déclarait même le mois dernier : « Je préfère les excès de la presse à l'absence de la presse »…

Ce n’est pas nouveau, les rapports entre les médias et le pouvoir ont toujours été conflictuels en France. Les gouvernements ont toujours voulu contrôler l'information et des pressions plus ou moins directes et discrètes sur les rédactions et les journalistes sont de pratique courante. Il leur est reproché de trop faire de commentaires et pas assez d’information, une information qu’ils préfèreraient inodore, incolore et… indolore.

Le réflexe le plus courant de nos politiques est assez primaire : si vous ne leur servez pas la soupe, c’est que vous êtes dans l’opposition, avec comme sanction, la suppression de la publicité institutionnelle pour les médias qui en bénéficient ou la sollicitent. Elle est le plus souvent distribuée à l’aune de votre impartialité surtout si elle ressemble à un ralliement… L’observation objective de notre presse régionale et locale pourrait le démontrer, et ce sur bien des années, les années Médecin, les années Mouillot, les années Estrosi, les années Brochand.

Autre parade des politiques face à une presse d’opinion, à une presse insoumise, c’est la fabrication, par leur propre service de communication et la distribution, par leurs propres services, de journaux et de revues parfois luxueuses, tirées à des dizaines de milliers d’exemplaires, chargés essentiellement (sous couvert d’information, inodore, incolore… indolore) de mettre en valeur leurs réalisations. Cela au prix de copieux budgets qui manquent à la presse pluraliste. Trop souvent, celle-ci, pour survivre, doit se soumettre ou disparaître. Communes, départements, régions, tous appliquent la même recette.

Les blogueurs et leurs blogs, nouveaux venus dans cette arène, dérangent, eux aussi. Encore plus peut-être car, leur amateurisme, leur approche empirique et partisane, leur effronterie, parfois même leur grossièreté… tendent à les décrédibiliser. Mais que faire devant un tel phénomène de société ? Cette machine là est en marche et rien ne peut l’arrêter. Les blogs ont joué un rôle non négligeable lors des dernières élections législatives et présidentielles, ils continent à le faire pour les échéances de mars.

Pour rester local – Paris Côte d’Azur « émet » depuis Cannes - prenons comme exemple le désamour de David Lisnard envers une certaine presse, celle qui se permet de donner des conseils aux élus et aux candidats aux fonctions électives. L’adjoint au Tourisme, président de la SEMEC, candidat lui-même aux cantonales sur Cannes-Est, en passe d’être en position de premier adjoint sur la liste de Bernard Brochand dont il est le suppléant à l’Assemblé nationale s’énerve. Il a lu la lettre du vice-président du Club de la Presse, Paul Barelli, par ailleurs correspondant du Monde.

Celui-ci rappelait dans une lettre ouverte, quelques règles simples pour que le prochain rendez-vous électoral ne soit pas raté et que chacun, élu, candidat, journaliste puisse agir avec efficacité, que chacun respecte le territoire de l’autre… David Lisnard réplique du tac au tac par sa propre « lettre ouverte aux journalistes qui suivent les élections de mars 2008 ». Pertinence, contre pertinence, impertinence contre impertinence… les deux lettres valent qu’on les lise pour se faire sa propre opinion.

Nous ne pouvons nous empêcher néanmoins de vous livrer la conclusion de David Lisnard : « Journalistes, journalistes, dernier conseil : quand, après une réunion, un meeting, une conférence de presse, ou un déjeuner bien arrosé, vous avez du mal à fermer l’œil, alors que c’est l’heure de la sieste, relisez vos notes, recherchez la vérité, interrogez-vous sur ce qui a pu être dit. Et vous trouverez le sommeil, celui du juste, très revigorant contre le cynisme facile, et ainsi continuez le lendemain à assumer l’un des plus beaux et exigeants métiers du monde. »

Journalistes, journalistes, photographes, photographes (parité oblige) tenez-le vous donc pour dit ! Ne vous endormez pas, ne vous endormez plus, l'exercice est réservé aux députés sur les bancs du Palais Bourbon, redressez-vous, bombez le torse, affûtez vos crayons, nettoyez vos objectifs… un ange passe et David vous regarde !