Les départements français en danger ?

Le rapport Attali préconise la disparition des Conseils généraux…

Catégorie Les paradoxales

Le rapport de Jacques Attali, ex conseiller de François Mitterrand, met au pilori l’institution départementale en tant que collectivité locale. Constatant le trop grand nombre de structures territoriales, il préconise la disparition des Conseils généraux. Il est vrai que la France bat les records européens avec ses 26 régions, ses 100 départements et ses 36 600 et quelques communes. La politique de décentralisation, commencée en 1982, y a plus récemment ajouté les Intercommunalités qui, en théorie, devraient déjà couvrir tout l’hexagone. On sait qu’il n’en est rien et que certains font de la résistance pour rentrer dans le rang…

Nous avons demandé l’avis de Paul Graziani sur ce délicat sujet. Ancien président du Conseil général des Hauts de Seine – Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy lui succédèrent à ce poste – il fut aussi un des artisans de la décentralisation. Ancien maire de Boulogne Billancourt, député et sénateur, il a fait le tour de la question. S’il y a bien, pour lui, une institution à défendre, c’est le département. C’est, selon son expérience, le mandat le plus important. C’est ici que tout se passe, que l’octroi de gros budgets se décide. Un président et sa majorité peuvent travailler dans le calme. C’est là que le maire d’une grande commune doit se trouver, ou au moins un de ses plus proches lieutenants.

C’était le conseil que Paul Graziani avait donné à Bernard Brochand, à la veille de se présenter à la députation. Un poste de vice-président à l’Assemblée départementale est une place de choix pour obtenir des crédits importants pour sa ville. Beaucoup plus utile qu’un siège sur les bancs de l’hémicycle, siège d’ailleurs peu occupé… Avec un conseiller général issu de sa majorité ou mieux, le maire en personne, la physionomie des scrutins de mars eut été totalement différente et plus à l’avantage du maire sortant.

Trop de structures en France ? Sans doute mais, toujours d’après Paul Graziani, le département est bien la dernière institution à toucher. L’annonce de sa disparition déclencherait un tollé… général de la part des élus concernés. L’exemple de la Corse est là pour le prouver. Interrogés sur une nouvelle définition de leur territoire (retour à un seul département), les Corses, entraînés par leurs représentants, avaient repoussé le projet. Un rejet en forme d’échec pour son initiateur, Nicolas Sarkozy

- Les intercommunalités ne sont-elles pas l’institution de trop ? Leurs récentes venues ne donnent-elles pas du grain à moudre à monsieur Attali ? Dans les Alpes-Maritimes par exemple, la CANCA réunit 24 communes et 500 000 habitants, soit la moitié de la population départementale… On peut alors imaginer qu’avec deux ou autres regroupements du même genre, on puisse couvrir ainsi tout le département. Le Conseil général perdrait semble-t-il de son sens.

« Les intercommunalités – communautés urbaines, d’agglomérations ou de communes - ne sont pas forcément des grossièretés. Elles doivent rester à leur place et ne pas menacer les maires dans leurs prérogatives. Elles doivent permettre de développer à plusieurs des projets dont l’envergure serait impossible à réaliser, seul dans son coin. Elles remplacent à terme syndicats mixtes, intercommunaux… »


  • Paul Graziani réside une partie de l'année à Cannes. Il y avait accompagné Bernard Cornut-Gentille alors Ministre du Général De Gaulle, dans ses campagnes à la mairie et à la députation -

Dans le 06, les réactions n’ont pas tardé. Premier à réagir, René Gilly, conseiller général UMP du petit canton de Villars-sur-Var, qui taxe Attali de technocrate – pas un compliment dans sa bouche. Christian Estrosi reste poli mais n’en dit pas moins. « On se trompe de cible » assène-t-il. Comment comparer un département de 150 000 habitants comme celui de l’Auvergne avec celui des Alpes-Maritimes et ses 1,2 millions d’habitants et son 1,3 milliard d’euros de budget annuel ?

La balle est dans le camp du gouvernement. Que ressortira-t-il de ce rapport ou, pour relancer la croissance, Jacques Attali propose d’activer une politique d’immigration ?

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – janvier 2008 -
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