France : que faire de tes fonctionnaires ?

André Santini dans la fosse aux lions rejoint Claude Allègre et son mammouth.

Catégorie Les paradoxales

Il y eut Claude Allègre qui voulait dégraisser le mammouth. Mal lui en a pris. D’autres ministres ont essayé, eux aussi, en vain d’inverser la tendance qui, chez nous, fut toujours la même : toujours plus de fonctionnaires. Fonctionnaires d’état d’abord qui répondent au désir d’un service public tout azimut et performant. Au fil des décennies, son efficacité s’est affaiblie et les gouvernements de droite en ont profité pour passer la main au secteur privé. L’Europe a achevé de plomber le système, en imposant la libre concurrence…

Fonctionnaires territoriaux, eux aussi toujours plus nombreux. Dans les communes surtout, où, élection après élection, chaque maire, pour tenir ses promesses et son électorat, embauche à tout va. Un clientélisme ruineux pour les finances des villes. Au final, presque un quart de la population active travaille dans le secteur public. C’est énorme, certainement un record mondial. Regardons autour de nous, dans la rue, dans la ville, dans notre copropriété, lorsque nous allons chercher nos enfants à la sortie des écoles : une personne sur quatre est un fonctionnaire… N’est-ce pas hors de proportion, déraisonnable ?

Nous nous sommes habitués à cet environnement, à cet état de fait. Au point de rêver pour nos rejetons une carrière dans la fonction publique. D’après un sondage Ipsos, nous serions autour de 70 pour cent à le souhaiter. Pire, nos enfants nous emboîtent le pas. Ce même Ipsos révèle que 77% des moins de 25 ans seraient prêts à travailler pour l’état ou les collectivités locales.

A la clef, tous voient la sécurité de l’emploi, une promotion automatique basée sur l’ancienneté et plein d’autres avantages comme le paiement de leur salaire lorsqu’ils sont en congés maladie ; toute une panoplie de droits beaucoup plus faciles à faire respecter que dans le cadre d’une entreprise, surtout si celle-ci est de petite taille. Quant aux devoirs, ils sont interprétés de façon plus ou moins élastique…

Les élus le savent, ils ne sont, eux, que de passage, tandis que les fonctionnaires sont indéboulonnables… Bon gré, mal gré, on les ménage. On fait, comme on dit, avec… on évite de les prendre à rebrousse-poil car ils ont, eux et leur famille, un poids électoral considérable…

Que vient donc faire notre fumeur de havane André Santini dans cette galère ? Au lieu de pantoufler comme ceux qui veulent rester en place savent si bien le faire - la stratégie « pas de vague » est toujours d’actualité – le voilà qui vient secouer le cocotier. A croire qu’il veut faucher la place à Christian Estrosi à l’Outre-mer. Le secrétaire d’Etat à la Fonction publique prendrait-il son job au sérieux ? En tout cas, la planche est glissante et son projet – porté par Nicolas Sarkozy – de non-remplacement de 22 000 fonctionnaires est courageux autant que téméraire. Sarkozy lui a-t-il laissé le choix, la formule « c’est à prendre ou à laisser » faisait-elle partie de l’arrangement ?

La question reste ouverte : n’avons-nous pas trop de fonctionnaires ? Ne bénéficient-ils pas d’avantages exorbitants au regard du secteur public ou même d’autres fonctionnaires de pays voisins ? A chacun de répondre, en son âme et conscience et pour une fois de faire abstraction de son intérêt particulier. Est-ce vraiment possible ? Sommes-nous vraiment capable de faire passer l’intérêt collectif avant l’intérêt particulier ?

A priori la réponse est non. D’où le rôle des élus qui est de prendre ce genre de décision à notre place. Avec le risque, s’ils nous déplaisent, de ne pas être réélus.

Vous aviez dit démagogie ?

André Santini semble être parti sur le sentier de la guerre, prêt à « bouffer » du fonctionnaire. A moins qu’il n’adopte un pas de danse que nous connaissons bien : deux pas en avant, deux pas en arrière…

- mention : www.pariscotedazur.fr - août 2007 -
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