Cannes et La Napoule nourrissent leurs plages

et font des choix différents.

La commune de Cannes a choisi ces deux dernières années d’aspirer le sable dans la mer, à quelques dizaines de mètres du bord lire ici pour engraisser ses plages. Une formule moins chère que celle qui consistait à aller chercher le sable dans des carrières ou des sablières éloignées. Avec des conséquences sur l’environnement qu’on est en mal d’apprécier et de quantifier. Posidonies et délicat équilibre écologique n’y trouveront pas forcément leur compte…

Le maire de Mandelieu-La Napoule, Henry Leroy, a choisi, lui, de récupérer le sable de la Siagne, à son embouchure. Des travaux de curage assez spectaculaires et relativement bruyants qui ont lieu en ce moment. Ils devraient durer 7 mois et donc se terminer au début de l’été. Ils coûteront aux alentour de 3 millions d’euros, financés par l’Etat (25%), le Conseil régional (20%), le Conseil département (30%) et le SISA – le Syndicat intercommunal de la Siagne et de ses affluents - maître d’ouvrage (25%).


- opération de curage à l'embouchure de la Siagne -

Le sable prélevé dans la Siagne est beaucoup plus gris que le sable blond auquel les touristes sont habitués. Comment réagiront-ils à ce changement et quel sera son confort sous les pieds ? Certains se souviendront que dans les années soixante, lorsque le maire de Cannes, Bernard Cornut-Gentille, fit le pari de dédoubler la Croisette et de déverser des milliers de tonnes de sable de carrière sur les plages, pendant longtemps, celui-ci fut chargé de particules de terre. Rien à voir avec le sable originel, lavé pendant des siècles par les pluies et la mer, ni pour le coup d’œil, ni pour le bien-être des orteils…. Il reste quelques belles plages, entre Juan-les-pins et Golfe Juan, qui ont gardé cette qualité.

Comme à Cannes, on n’est pas sûr que ce procédé d’extraction soit sans « dommages collatéraux » sur la faune et la flore. Que dire du remue-ménage de ces sédiments, quelle est leur composition ? Le développement de l’industrie du tourisme a profondément bouleversé notre planète, nos valeurs. Jusqu’à présent, nos priorités tournaient autour de l’économie : il s’agissait de créer de l’emploi, de la prospérité. On commence à réfléchir sur la suite… du monde, et des événements. Le tourisme n’est pas une activité innocente ni sur le plan environnemental, ni sur le plan culturel.

« Chaque année, près de 1 milliard de personnes partent en vacances à travers le monde. Leurs pérégrinations riment souvent avec pollution et dégradation de l’environnement. Certains professionnels tirent même la sonnette d’alarme », écrivait la journaliste Marion Festraëts dans l’Express du 26 juillet dernier. Des professionnels et des élus bien discrets en la matière – c’est notre jugement – car leurs objectifs sont le plus souvent à court terme, au mieux une dizaine d’années, le temps d’oublier… les enjeux sont maintenant planétaires.