John Douglas : le devoir de critique.

Quand l’Amérique se regarde dans l’objectif d’un photographe.

Catégorie Les Arts au soleil

Les Américains ont inventé bien avant notre mai 68 le « il est interdit d’interdire ». Ce droit fait partie de leur Constitution. C’est pour cela que chez eux, si souvent le pire côtoie le meilleur. L’extrême droite peut faire en toute liberté l’apologie du nazisme, les chrétiens ultraconservateurs vouer aux gémonies l’évolutionnisme de Darwin… et ce John Douglas qu’on expose à Nice, critiquer avec force la politique étrangère de son pays aussi bien que les dangers de la loi Bush, le «Patriot Act ».

Plutôt que de faire de l’antiaméricanisme primaire, laissons à un Américain le soin de faire la critique, l’autocritique. John Douglas ne se gêne pas. Son exposition niçoise « Homeland Security », a tout pour déranger. Corps nu, le sien, dupliqué autant de fois qu’il le faut, corps-caricature d’un Blanc, à l’arme fatale, d’un buveur de bière, rescapé des guerres du Vietnam ou d’Irak…d’un citoyen prêt à tout, pour défendre son pays attaqué de l’intérieur par une administration trop inquisitoire…

Acteur de sa propre mise en scène, il pourrait être ce "John Dœ" et son inséparable fusil M16, celui qui se mesure au pouvoir, lui-même symbolisant le pouvoir de l’homme blanc… Soldat-citoyen ou citoyen-soldat, il critique autant qu’il se critique. Il se regarde, sans complaisance dans le miroir de son appareil photographique, images figées, inversées, quasi désespérées, en tout cas désespérantes.

Dans une Amérique sécuritaire, il se sent en insécurité. Il n’a, de toute apparence, pas peur de le montrer et de se montrer. Il est l’envers d’un décors formaté, en désaccor(p)s avec les images que nous véhiculent si complaisamment les magazines « glamour », les séries américaines qui ignorent tout ce qui n’est pas politiquement, socialement, corporellement correct… images d’une société sans SDF, sans obèses… Il n’est pas beau, l’Amérique l’est-elle ?

- jusqu’au 9 novembre, Galerie Depardieu 64, bd Risso 06300 Nice

NB : le budget militaire est passé aux USA de 399 billions (et non pas milliards) de dollars en 2004, à 632 billions en 2007, avec un prévisionnel pour 2008 de 717 billions… Ci-dessous, le poster, vendu aux USA, détaillant le budget fédéral 2008 et intitulé : « Death and Taxes »…

- mention : www.pariscotedazur.fr - octobre 2007 -
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