Les faux semblants :

l'industrie pour la contrefaçon.

Catégorie Les paradoxales


- Beaume & Mercier, difficile à imiter à ce niveau d'excellence -

Le maire de Cannes s'est fait le chantre de la lutte contre les faux en tout genre. Si l'accent est mis sur les faux produits de luxe, c'est l'occasion de prendre conscience qu'il y a d'autres faux dont les conséquences sont bien plus dangereuses. Il y a les faux jouets dont les normes de sécurité ne sont pas respectées, les fausses pièces de voitures qui nous font courir le danger de casser au plus mauvais moment et plus dangereux encore, les faux médicaments. Le marché du faux réalise des chiffres d'affaires considérables, de l'ordre de 200 à 300 milliards d’euros par an dont 6 milliards pour l’économie française. Si les industriels qui fabriquent les vrais sont les vrais perdants du système, ceux qui réalisent les faux sont les vrais gagnants. Avec eux, leurs commanditaires, parfois liés à des organisations mafieuses.

Et le consommateurs dans tout ça ?

Le Comité national anti-contrefaçons, présidé par Bernard Brochand, met en avant les chiffres d'un sondage qui révèle que 35 % d’entre eux déclarent ouvertement acheter des produits de contrefaçon, 31 % disent acheter ou être prêts à acheter des contrefaçons de vêtements de marque, 24 % de parfums, 25 % de maroquinerie et de chaussures et 23 % de CD et DVD. Le consommateur ne voit, d'évidence que le bénéfice immédiat qu'il retire de ses achats. Encore une fois, cela peut être apprécié diversement. Si l'achat de produits de luxe ne met en péril que les entreprises ayant pignon sur rue, les faux médicaments et fausses pièces de voitures mettent ceux qui les utilisent en danger. La différence étant que dans ce dernier cas, les utilisateurs ne sont pas au courant qu'ils ont affaire à des produits de mauvaise qualité qui mettent leur vie en danger.

Pour en revenir aux faux Vuitton, aux faux Hermes et autres faux de grand luxe, le principe de s'en prendre aux acheteurs est le plus facile. Il est plus compliqué et plus risqué de s'attaquer aux fabricants de faux. L'Italie, notre voisine ne donne pas toujours à ce sujet le bon exemple. Ces actions sont timides, à l'Est de notre département, pour juguler ce phénomène et s'attaquer à cette industrie illégale. Pourtant, tout le monde là-bas est au courtant. C'est que ce marché parallèle, loin d'être souterrain, fait vivre des milliers de gens.

Sans doute par ce qu'elle est plus anecdotique et que les risques encourus sont moins graves, on ne parle guère des grands vins qui n'ont de vrais que l'étiquette. Mais tout le monde n'est pas un grand nez et, vendus aux antipodes, certains n'y voient que du feu. Régulièrement, des producteurs et des négociants français se font prendre à ce petit jeu. En Espagne, on se souvient du scandale des huiles de table frelatées dont la consommation provoqua plusieurs morts.

Si des actions spectaculaires ont été entreprises, ici et là, pour lutter contre les faux, elles se sont concentrées sur les produits de luxe. Elles ne doivent pas nous faire oublier que les risques les plus graves concernent les faux jouets, les fausses pièces de voitures, et surtout les faux médicaments. Quant aux faux cons, ils font toujours la guerre !

- mention : www.pariscotedazur.fr - avril 2006 -