Chirac-Hussein : liaison dangereuse ?

même pas, nous étions en 1975 et le premier ministre de Giscard ne cherchait qu'à vendre des centrales nucléaires et à devenir président.

Catégorie Les paradoxales

- Paris-Match, 20 septembre 1975 -

Septembre 1975. Jacques Chirac rencontre le numéro 2 d'Irak. Pour faire des affaires. La France, ou du moins son gouvernement, est contente des promesses d'achat que lui fait Saddam Hussein. Jacques Chirac marque des points et n'est pas peu fier des centrales nucléaires, de la norme Secam pour la télévision…qu'il parvient à lui vendre.

Les chefs d'état consultaient moins les voyantes que maintenant et personne n'imaginait le destin tragique de celui qui allait devenir le chef de l'Irak. L'auraient-il su, auraient-ils pour autant changer leur politique et déjeuner ailleurs que dans un trois étoiles Michelin ? Nul ne peut répondre pour eux mais on peut imaginer qu'ils auraient gardé le même cap. Les enjeux, lorsqu'on gouverne, sont le plus souvent à court ou à moyen termes.

Les Etats Unis auraient-ils agit différemment avec l'Afghanistan, l'armant contre les russes, irréductibles ennemis de l'époque ? Si c'était à refaire, les Français laisseraient-ils Le Pen se retrouver dans un second tour historique aux présidentielles ? L'avenir se lit très mal dans le marc de café, 100% arabica ou non. Les gouvernants sont avant tout des pragmatiques. Ce qui est vrai aujourd'hui ne l'est plus demain.

Le face à face Chirac-Hussein dont la rencontre à déjeuner est publiée dans Paris-Match peut surprendre. Il ne signifiait rien d'autre que la possibilité d'établir des liens commerciaux : vendre à l'Irak du nucléaire et rester bien placé sur le marché du pétrole dont ce pays a des réserves énormes.

Plus loin, à l'intérieur du magazine Paris-Match, le cheik Zaki Yamani, membre influent de l'Opep, compte les sous du pétrole. Que faire avec, demande-t-il ? Le shah d'Iran est encore le shah, empereur assis sur un volcan qui ne demande qu'à se réveiller ? Il quittera son pays le 16 janvier 1979 et mourra en exil au Caire quelques mois plus tard.

Tirons-nous jamais leçon de notre histoire ? Pour Paul Valery l'histoire justifie ce que l'on veut. "Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et donne des exemples de tout."

- mention : www.pariscotedazur.fr - avril 2006 -