La gestion de la dette :

une technique budgétaire en démonstration à Frèjus.

J'assistais, en contribuable attentif, au Conseil municipal de la ville de Fréjus pour le vote du budget, lorsque mon attention fut attirée par les paroles du premier magistrat de la cité : "je pratique une gestion active de la dette". Bien que rompu au jargon administratif, je cherchais à en comprendre le sens.

Le débat budgétaire dura, en tout et pour tout, 8 minutes. Aucune question de fond n'ayant été posée, le vote se fit pratiquement à l'unanimité, moins une voix et 4 abstentions. Je m'interrogeais silencieusement sur ce que pouvait recouvrir cette notion si brillante au point de réunir un tel consentement de la part des élus.

Les chiffres étaient présentés sur un écran installé à cet effet par l'adjoint des finances. Le chapitre sur l'endettement de la cité était passionnant. En effet, pour une population de 47 897 habitants, l'endettement des citoyens fréjusiens était de 2 020 euros par habitant, soit presque le double la moyenne nationale. Les emprunts bancaires et les dettes assimilées s'élèvent à 51,9 % des ressources, alors que la moyenne nationale est de 25,89. Les annuités de la dette sont étonnement raisonnables, 17,59 pour 17,58 de moyenne nationale. Alors comment expliquer un tel écart, sinon, bien sur, par "la gestion active de la dette" !

On rembourse les emprunts sur une période de 40 ans'' – pourquoi pas 50 pendant qu'on y est – au lieu de le faire sur 20 ans comme par le passé ? C'est ainsi que les problèmes financiers et structurels se règlent dans la ville la plus endettée du Var et l'on peut voter le budget et rentrer chez soi avec le sentiment du devoir accompli.

Endetter les générations futures, faire payer les petits-enfants et financer l'emprunt par l'emprunt, voilà la méthode infaillible ! Mais cessons notre persiflage n'étant pas réellement représentatif alors que, dans notre démocratie municipale, les élus travaillent pour cela, le plus souvent bénévolement bien sur !

A cela s'ajoute, en guise de conclusion, la réforme des marchés publics, entérinant la suppression du contrôle du seuil des marchés par les comptables. On verra que de beaux jours se préparent pour les contribuables et la gestion des finances publiques locales.

Maître Charlier de Vrainville - Président de l'association AIDE -

N.B. : texte publié dans nos colonnes en 2003. Qu'y a-t-il de changer depuis ? Sûrement pas la durée de l'emprunt !

- mention : www.pariscotedazur.fr - février 2006 -