Decaux arrive : tous aux abris !

Le leader mondial du matériel urbain publicitaire est de retour.

En fait, il n'est jamais parti. Il vient de décrocher de nouveaux contrats à Nice, Marseille, Aix et Vannes, villes parmi les 1300 autres qui ont adopté le mobilier urbain, concept moderne de la communication.

Christian Gallo, rédacteur-fouineur au Ficanas, nous apprend que 1 100 surfaces publicitaires vont apparaître ou réapparaître rien que sur la communauté de communes Nice-Côte d’Azur, la CANCA. C'est la société de Jean-Claude Decaux qui vient de gagner cet appel d’offre qui portait sur un contrat de quinze ans.

Sans doute, le public sera fort intéressé et qui sait, rassuré de savoir que ces indispensables (?) outils de communication ont été dessinés par un australien, Philip Cox, auteur du Sydney Football Stadium de 40 000 places dont le toit translucide, en forme de selle, a de quoi séduire, surtout les Niçois toujours en manque de stade…

Toutes ces "surfaces publicitaires" (affichages de toutes espèces, abri-bus, publicité lumineuse) sont-elles bien toutes nécessaires ? Sont-elles vraiment "d'utilité publique?" Font-elles réaliser de substantielles économies aux communes et autres institutions qui passent des appels d'offre ? On est en droit de poser la question et d'avoir une opinion sur le sujet, pas forcément politiquement correcte…

Nombreux sont ceux qui dénoncent l'impact esthétique ou plutôt inesthétique qu'elles ont sur le paysage urbain. Leur multiplication ne fait que démultiplier cet effet de vision partiale. Elles distraient de l'essentiel plus qu'elles informent !

Cannes n'échappe pas à cette invasion. Sur la Croisette et maintenant dans la rue d'Antibes, elles poussent comme de nouvelles espèces de plantes "imagophiles". Elles encombrent les trottoirs, espaces publics par excellence et font de l'ombre à des commerces qui voient fleurir, juste devant leur porte, la publicité d'un commerce concurrent… ce qui les ravit, on l'imagine aisément. Mais, cet espace là est du domaine de la mairie qui le gère comme bon lui semble, à coup d'arrêtés. On s'étonne qu'on puisse nous imposer ainsi des publicités que nous n'avons pas sollicitées. Car, si nous avons le choix d'acheter tel ou tel magazine ou quotidien et le lot de pub qui va avec mais que nous avons le choix de ne pas voir, comme les longues minutes à la télévision que nous avons la liberté de zapper, nous n'avons plus ce choix lorsque nous vaguons dans nos rues. Nous sommes mis devant le fait accompli. L'espace public est vendu au plus offrant.

Si les panneaux publicitaires et autres déclinaisons de la communication tout azimut, ne sont pas du goût de tout le monde, ils ont fait le bonheur de Jean-Claude Decaux, milliardaire discret et autodidacte, 9 ème fortune de France et copain de Sarkozy avec qui il partage une passion commune, la bicyclette…

Plusieurs fois accusé d'abus de position dominante, mis en examen, JCD a le plus souvent gagné ses procès. Ainsi le Conseil général des Alpes Maritimes qui a été condamné, en 1998, à lui versé 7,7 millions de francs.

Habitué de Cannes, JCD est un fidèle du Festival international de la publicité, inventé par Jean Mineur. En 2000, il était venu y recevoir le titre d'homme de média de l'année. En 2005, il revient à Cannes pour inaugurer les premiers mobiliers urbains digitaux Magink lors du 59ème Festival du film. Ils permettent de diffuser des images dynamiques dont la qualité s’approche de celle de l’impression numérique. Les contenus proposés sur cet écran associent actualités de la ville et annonces publicitaires.

Bernard Brochand, le député-maire se félicitait que sa ville soit la première au monde à en être équipée. Pas vraiment une surprise venant de celui qui a fait déposer la marque Cannes et pour qui la pub et la COM sont une autre raison de vivre…