Marineland Antibes : succession difficile,

la famille du fondateur du plus grand parc aquatique d'Europe, vire Mike Riddell, directeur depuis 25 ans.

ll souffle un vent de tempête depuis quelques temps sur une des plus importantes entreprises antiboise. Dauphins, phoques, orques et manchots, s'inquiètent pour leur avenir. Ils savent bien qu'ils ne retrouveront jamais la liberté, l'immensité de la mer, la fréquentation de leur congénères – de vrais sauvages, je vous assure – d'ailleurs la plupart sont nés en captivité et seuls leurs parents leur ont parlé du Grand Bleu, de ces miles et miles marins, d'un domaine à perte de vue. Une légende, se sont-ils dit, une histoire à dormir debout, même Luc Besson venu en visiteur, n'a pas pu les convaincre du contraire. Non, ce qui les inquiètent surtout, c'est qu'ils risquent d'être séparés de leur famille, de leurs camarades de travail et de jeu. En effet, les nouveaux repreneurs qui s'annoncent, possèdent déjà d'autres parcs en France et à l'étranger.

Mike Riddell ? Ils ne connaissent que lui et se sont habitués à leur prison dorée. Avaient-ils vraiment le choix ? Ils mangent bien, sont bien soignés et ils se sont attachés à leurs geôliers : principe de Stockholm oblige ! Trêve d'anthropomorphisme, l'avenir de cette prison de luxe pour mammifères marins est quelque peu hypothéqué. Il semble que les vues des nouveaux dirigeants soient bien éloignées des celles des anciens et que le nouveau Marineland ne ressemblera pas à l'ancien. Pour le mieux disent les uns, pour le pire pensent les autres.

Le nouveau directeur qui a pris possession des lieux, Michel Dompnier, se veut rassurant. Il déclare qu'il est là pour assurer la continuité. Il est là aussi pour dresser un diagnostic, pour diligenter un audit, car, on le devine à demi-mot, la famille de Roland de Poype, le fondateur, n'a sans doute pas l'intention de garder cet encombrant héritage. De leurs côtés, les défenseurs des animaux sont soucieux. Soucieux du confort des pensionnaires de Marineland. Il y a pire comme prison, ils le savent, mais ne pleureraient pas longtemps si les difficultés liées à la succession, annonçaient à terme la disparition de ce type de parc de loisir. Au Canada et aux USA, une partie du public, grâce à des prises de position avant-gardistes et courageuses, comme celle du Cdt Cousteau, s'est détournée de ce type d'attraction et milite pour leur abolition.

Il est temps en Europe de mener une réflexion à ce sujet. Les mammifères marins dont l'intelligence nous étonne, méritent mieux de notre part que cet exercice de funambule auquel ils se livrent pour notre plaisir. Ils en tirent, semblent-ils, quelques satisfactions eux aussi, une nourriture abondante, des soins mais à quel prix !

La liberté a un sens pour nous, pourquoi ne devrait-elle pas en avoir un pour eux aussi ?

- mention : www.pariscotedazur.fr - janvier 2006 - Alain Dartigues -