Intercommunalité à l'ouest :

Sœur Anne, je ne vois rien venir !

La loi oblige les communes à se constituer en intercommunalités. Beaucoup l'ont déjà fait mais certaines ne veulent s'y résoudre que si le projet leur laisse la part belle. A l'ouest des Alpes Maritimes, une intercommunalité s'est constituée depuis déjà plusieurs années. Elle est de petite taille (cinq communes seulement) et fonctionne à la satisfaction générale. Seule accroc, son extension est envisagée. Elle est redoutée par certains qui sentent bien que le consensus sera plus difficile à trouver, qu'ils risquent de perdre leur identité et que la politique politicienne risque d'y être toute puissante. Majoritaire jusqu'à maintenant, elles bloquent tout projet d'extension, soutenues en cela par la ville de Cannes qui s'inquiète, elle, d'une superpuissance dont le contrôle lui échapperait. En effet dans l'actuel état des rapports de force, elle n'obtiendrait ni la présidence, ni l'administration. D'autant que l'intercommunalité qui existe, Pôle Provence Azur a son siège à Grasse et un président élu, l'actuel maire de ladite ville, Jean-Pierre Leleux. Le Cannet, Mougins, Mandelieu veulent accrocher leur wagon, sans revendication particulière. Depuis longtemps toutes ses communes sont habituées à travailler ensemble dans le cadre de diverses intercommunalités de services (déchets, transports par exemple) et avec Cannes aussi.

C'est le maire de Mouans-Sartoux, André Aschieri qui le premier a déclenché les hostilités. Il ne veut pas d'une intercommunalité tournée vers le littoral et allant jusque dans le Haut Pays grassois. La notion d'un moyen pays autonome lui est chère. Il a trouvé d'inattendus alliés, des alliés de circonstance dont les motivations sont plutôt floues. Auribeau est entre les mains de Jacques Varonne qui dirige cette petite commune. Poursuivi avec assez de régularité en justice, il était tombé en disgrâce auprès des instances politiques de droite, surtout depuis qu'il s'était présenté au Conseil général contre la candidate officiellement investie. Il avait contribué ainsi à faire élire un conseiller de gauche. Question de survie politique sans doute, il rejoint maintenant les vues du maire de Mouans-Sartoux. Tout comme celui de La Roquette, Victor Daon, plus long à se décider. Longtemps commerçant à Cannes, il a accepté de faire le jeu de Bernard Brochand, en apportant une voix décisive au clan des opposants à l'extension de Pôle Provence Azur. Des alliances où, on le devine, les calculs politiques ne sont pas absents. Curieux d'ailleurs de voir André Gironne en personne, le premier adjoint de Cannes, venir soutenir Mouans-Sartoux dans sa lutte contre le projet défendu par le maire de Grasse. Pour y voir plus clair, il faut savoir qu'il existe une sévère compétition entre Cannes et Le Cannet, et que les rapports entre le maire de Mandelieu et celui de Cannes sont détestables. Le maire de Mougins qui n'a pas d'autres ambitions déclarées que le bien-être de sa commune, ne cherche pas à mettre de l'huile sur le feu. Il attend, avec une impatience qui grandit, de rejoindre une intercommunalité qu'il juge souhaitable.

Rien ou presque ne se fera dans l'immédiat : trop d'échéances électorales en vues. Sans doute faudra-t-il attendre les résultats des prochaines municipales pour y voir plus clair. La décision de constituer alors une intercommunalité nouvelle ou son extension, ainsi que sa mise en place, prendront au moins une année. Rendez-vous donc en 2008 et restons attentifs aux prochains épisodes de cette saga entre le haut, le moyen pays et le littoral.

- Mention : www.pariscotedazur.fr - septembre 2005 – A.D. -

lire : césure à l'intercommunalité