De Guémard à Ferry.

Merci au Canard et au journalisme d'investigation.

L'affaire Guémard. Combien de responsables administratifs et politiques se sont inquiétés des suites que ce scandale pourrait avoir sur leur confort ? Ils sont nombreux en effet à se loger aux frais de l'état et donc du contribuable. Ainsi ce directeur des services généraux d'une grande ville de la Côte d'Azur insatisfait par le logement de fonction qu'on lui proposait, pourtant assez bon pour son prédécesseur. Il obtint que la mairie loue une villa et y effectue quelques travaux. C'était il est vrai avant les 80 mètres carrés de Raffarin… Il est vrai aussi que ces 80 m, plus 20 mètres pour chaque enfant, ne sont curieusement applicables qu'aux ministres. Ainsi, un fonctionnaire territorial pourra se trouver mieux loger qu'un ministre.

Merci au Canard. Sans lui, bien des scandales passeraient inaperçus. Lorsqu'il se déchaîne, les puissants tremblent et la justice, si elle n'est pas elle-même concernée, y regarde un peu plus attentivement. Le Canard d'utilité publique ?

Le journalisme d'investigation. Il se décline de maintes façons. Comme toutes les activités humaines il pêche parfois par excès. Quand le but se borne à faire de l'audimat il peut déraper, faire mal et broyer des innocents. Est-ce le prix à payer ? En Province, le journalisme d'investigation se fait plutôt discret. Tout le monde se connaît et bien des portes se fermeraient au fauteur de trouble si sa critique ou son trait étaient trop appuyés. On peut constater le manque de vrai journalisme même s'il ne manque pas de vrais journalistes. Il ne reste souvent plus que la communication, cette fameuse et détestable Com. Les magazines institutionnels en profitent pour fleurir mais souvent, sous prétexte de communiquer, ils ne font que de la propagande. Bien des lecteurs heureusement ne sont pas dupes. Et quand dans une région, il y a un monopole de l'information écrite, il existe un danger pour la démocratie. Tout est alors envisageable, l'information voisine avec la désinformation et le parti pris, toutes les manipulations sont alors possibles.

Europe. Toutes les conditions sont remplies pour que les électeurs boudent le referendum, découragés par une telle cacophonie. Et s'ils se déplacent, ce ne sera peut-être pas pour de bonnes raisons. Le texte complet de la nouvelle Constitution européenne, combien la liront ? Ils prendront leur décision parce ce que tel ou tel leader politique les persuadera de voter oui ou de voter non.

Droite ou gauche. Pour une fois, le clivage droite gauche ne sera pas l'élément décisif de cette élection puisque les partisans du oui ou du non, s'y côtoient, parfois à leur cœur défendant, aux extrêmes de leurs affinités. Les conditions d'une entrée éventuelle de la Turquie sera pour beaucoup un élément de réflexion décisif. La perspective de l'entrée de 70 millions de turcs dans la communauté européenne devrait logiquement renforcer le clan du non.

Christian Estrosi. Le jeune président du Conseil général des Alpes Maritimes est le fer de lance de Nicolas Sarkosy dans le département. Chaque fois qu'il le faut, il se range à ses côtés. Ainsi, alors que la campagne pour les présidentielles est largement entamée, il déclarait à la presse que Nicolas était totalement dans son rôle en affirmant sa volonté de changement profond pour notre pays.

Luc Ferry. Le Premier ministre semble lui avoir taillé un vêtement sur mesure, celui d'un Conseil d'analyse de la société, nouvelle instance de conseil rattachée à Matignon dont il aura la responsabilité. C'est à peu près au même moment que Philippe Séguin s'est vu attribué la présidence de la Cours des Comptes. Tokia Saïfi qui, faute de moyens, n'aura pas laissé de trace durable au secrétariat d'Etat du même nom, se retrouve, elle, député européenne. Une belle opération de recyclage qui devrait rassurer les écolos. En politique, rien ne perd !

Politique fiction. Le public adore, les politiques un peu moins. Si Sarkosy devient président, on peut imaginer que Christian Estrosi, Michèle Tabarot, Jean Leonetti ou Eric Ciotti pourraient se retrouver sur la liste des ministrables. Si Chirac repasse, c'est Bernard Brochand qui aura le plus de chance de se voir confier un maroquin. Reste à deviner quel portefeuille pourraient leur être attribuer. L'espoir dans ces deux cas de figure qu'enfin un ministre du gouvernement soit choisi parmi les représentants d'un département qui n'en a guère connu, celui des Alpes Maritimes. Jacques Médecin fut le dernier, au titre de secrétaire d'Etat au Tourisme, en 1977. Au petit jeu de la politique fiction, Michel Mouillot, à l'époque de sa gloire, pouvait espérer qu'un François Léotard nommé Premier ministre ne l'oublierait pas.


- mention : pariscotedzur.fr - mai 2005 -