Jacques Chirac ne se représentera pas.

Qui peut encore croire que Chirac se représentera ?

Canular, blague de mauvais goût, pseudo scoop pour journaliste en manque ? Et bien non, c'est plutôt la conclusion d'un faisceau de petits événements qui, mit bout à bout, confirmerait ce que certains pensent déjà tout bas : le président sortant ne briguera pas un nouveau mandat.Usure du pouvoir, limite d'âge ? Les deux mon général ! Il est vrai que Jacques Chirac aurait 75 ans au début d'un hypothétique 3ème mandat et 80 ans à la sortie.

A moins que tout ça ne soit qu'un savant calcul ? C'est fort plausible. Car la candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle ne faisant plus aucun doute, l'UMP se présenterait avec deux candidats. Nul doute qu'au sein même du parti les déchirements auraient des conséquences catastrophiques. Quant à l'électorat, fatigué, découragé par le spectacle de ces luttes internes, il serait tout à fait capable de sanctionner ces divisions. Le candidat de gauche tirerait immanquablement les marrons du feu, avec, pourquoi pas, un 2ème tour entre Gauche et Front National. Le cauchemar pour un président sortant qui risquerait de voir resurgir des tiroirs certains dossiers embarrassants. Alors qu'avec une droite unie ou tout du moins le camp de l'UMP, faisant élire son candidat, la retraite du président sortant serait plus paisible. On peut alors imaginer les tractations, les accords secrets qui ont ou pourraient avoir lieu dans ce cas de figure. C'est donc la raison qui pousserait JC à ne pas se présenter.

Force est de se rappeler le cas Pasqua et ses vains efforts pour se faire réélire lors d'une élection au scrutin universel. Il lui fallut négocier auprès des grands électeurs le renouvellement de son mandat de sénateur, capable de lui assurer une relative tranquillité judiciaire. Des grands électeurs qui, bon gré mal gré, obéirent aux consignes données par les plus hauts caciques de la République. Pour services rendus à la patrie ou pour le dédommager d'une mémoire hésitante ?

Les petits signes - pas si petits que ça après tout – qui laissent à penser que l'hypothèse de la non-candidature du président Chirac n'est pas une fantaisie ni une rumeur mal intentionnée ? On peut prenre comme exemple l'évolution des rapports entre Nicolas et la fée Bernadette, brusquement prête à se rendre à Lourdes pour lui être utile. Plus près de nous, le député-maire de Cannes, Bernard Brochand, dont les liens privilégiés qu'il entretient avec le Président Chirac sont de notoriété publique, a déroulé le tapis rouge lors de la venue de Nicolas Sarkozy. Un rapprochement aussi médiatique que chaleureux qui, il y a peu, eut pu sembler improbable. Une telle démonstration est significative d'un changement de tendance. Les règles du jeu sont en train de changer.

-mention - www.pariscotedazur.fr - 20 mai 2005 - Alain Dartigues -