Un Musée de France pour Bonnard,

un projet qui prend forme, sur la commune du Cannet.

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Catégorie Les Arts au soleil


- Autoportrait pour l'ouvrage de Claude Roger-Marx (1924) Bonnard - NRF.

Parmi les peintres qui ont trouvé au Cannet une source d'inspiration, Pierre Bonnard est un des plus illustres. Il choisit de s'y installer en 1926 et y demeura jusqu'à sa mort, en 1947. C'est là qu'il acheta, sur les hauteurs de la ville une petite villa aussitôt baptisée "Le Bosquet". C'est là qu'il peignit 220 peintures auxquelles il faut ajouter une soixantaine de gouaches qui ornent les cimaises des plus grands musées du monde. La villa, somme toute modeste, donne une idée assez juste de l'environnement dans lequel vivait l'artiste. La salle de bain où il composa de nombreux nus, son atelier, sa chambre sont restées quasiment intactes. Comme pour Monet le jardin de Givenchy ou Cézanne la Sainte Victoire, Bonnard s'inspire et se baigne dans cette ambiance et cette lumière qui a transformé radicalement sa palette. Mais si la villa est restée pratiquement intacte, en raison sans doute de la longueur des procédures liées à une succession difficile, ses dimensions et sa fragilité les rendent impropres à la réalisation d'un grand musée. Car c'est l'ambition de la municipalité. Ce sera le premier musée cannettan mais surtout l'unique musée consacré entièrement au maître.

Michèle Tabarot, la député-maire qui fut en son temps la plus jeune adjointe de France et déléguée à la Culture, a jeté son dévolu sur l'hôtel St-Vianney. Ses 500 m2 bâtis à la fin des années 1800 et son jardin, situé près de la mairie, au centre de la cité, permettront de concevoir un musée capable de répondre aux exigences d'un cahier des charges draconien pour qui veut acquérir le label ²Musée de France².

Dans le cadre du projet, agréé par les instances culturelles nationales, une souscription publique pour l'acquisition d'œuvres d'art permettra aux cannettans et à tous les amoureux du peintre de s'associer davantage à la réalisation du musée. De son coté, le Conseil général s'est engagé à financer le projet à hauteur de 30 %. Parce que Bonnard le vaut bien !

Moins coté que Matisse, dont il était l'ami, Pierre Bonnard a longtemps payé sa discrétion et son peu de goût pour les mondanités. Il naît aux débuts de l'impressionnisme, il meurt alors que l'abstraction lyrique prend le relais. Avec lui, le modèle s'estompe au profit de la lumière, la couleur l'emporte sur la forme. Après le dessin vient la composition qui doit être un équilibre, confie-t-il à son neveu. Il n'a pas peur de faire des cadrages modernes et une mise en lumière particulièrement audacieuse. Le fauvisme n'est pas loin. Pierre Bonnard, c'est aussi un illustrateur de talent, et, faisant le pendant à ses natures mortes, c'est la vie qui s'exprime à travers ses nus d'une sensualité, osée pour l'époque.

- Illustration pour Marie de Peter Nansen, éditions de La RevueBlanche (1898)